Le vieil artiste Witold Kanowicz s'apprête à fêter ses 100 ans au milieu du fatras de son atelier. Witold Kanowicz va avoir 100 ans, il est à la fin de sa vie. Ou peut-être pas.
Dans son immense chambre/atelier coloré de la maison familiale des Tatras, il vit ses derniers instants. Accompagné par la mort qu'il imagine nageant autour de lui, telle une forte présence « dans ses os, ses cheveux, son corps », il va d'anecdotes en récits rocambolesques, raconter sa vie, ou « ses vies », son histoire, « comme dans les livres pour enfants », son oeuvre, « bariolée », ses doutes, « toujours ceux-là », ses regrets, qu'en fait il ne « regrette pas », ses bonheurs, qu'il voudrait « enfermer dans des bocaux ». De ses parents, à ses oncles, en passant par son enfance, son adolescence, ses amours, ses fils, sa peinture, ses couleurs, Witold nous conte une vie, la sienne, celle qui a passé, celle qu'il voit maintenant défiler devant ses yeux. Une vie parmi d'autres, une de celle qui aura peut-être un sens pour quelqu'un.

Que serions-nous sans notre histoire, nos souvenirs, notre mémoire ? Personnage central de l’oeuvre, Witold Kanowicz, prend ici toute la place, pour raconter et exister à nouveau. Au-delà du récit, il transcende la scène, la dépasse, pour capter directement le spectateur, en faire un participant intérieurement actif, un nouveau témoin de sa vie, un nouvel héritier de sa mémoire. Car n'est-il pas de plus beau témoignage que celui de notre mémoire ?