Avec Werther & Werther, l'auteure macédonienne Žanina Mirčevska saisit d'emblée les contradictions que le monde occidental impose notamment à la jeunesse. Entre l'obligation de réussite et l'épanouissement personnel, les principes et les illusions se confondent et se contredisent. Cette écriture porte la gravité avec un humour ciselé et familier. Sa poésie, simple d'apparence, se révèle très puissante et variée sur le plateau, se rapporte la force épurée de certaines pièces d'Howard Barker, dont 13 Objets. Le suspens allié à la subtilité n'est pas sans rappeler Doute de John Patrick Shanley.

« COMMENCE PAR LE PLAISIR DE BOIRE TON CAFÉ LE MATIN. »

Un jeune homme amoureux, talentueux, plein de fougue et de passion, se résout à quitter la vie de lui-même. La pièce est une libre adaptation des Souffrances du Jeune Werther de Goethe. Ce motif est très puissant : il interroge le désir de mort d'un jeune homme, l'amour, le sens de la vie.

Žanina Mirčevska s'en empare intelligemment en embrassant d'autres thèmes et urgences plus contemporaines : les personnages dépendent de leur relation au travail et à la valeur de l'argent - tout comme les spectateurs qui les regardent, et c'est là un des intérêts de cette transposition.

La pièce se déroule dans un théâtre, le lieu où se font et se défont les illusions. L'auteure questionne ici, sans simplification, et avec les spectateurs, les quêtes intimes du sens de la vie et du bonheur, en ces temps qui les troublent.