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Volia Panic

Alexis Forestier ( Conception ) , Itto Mehdaoui ( Conception )


: Présentation

Cette création initiée dès 2015 s’élabore dans la perspective de proposer une pièce performative et/ou musicale à géométrie et tonalité variable ; elle peut s'apparenter à une forme de concert/conférence et dans ce cas se jouer dans un dispositif essentiellement sonore. Dans sa forme scénique plus élaborée elle inclura un déploiement d'objets volumineux qui seront manipulés et assemblés par les interprètes en vue de former une architecture scénique in situ, adaptée aux différents lieux proposés et assemblée durant la représentation.


Volia Panic est né d'un travail de recherche sur le Cosmisme russe, ses origines philosophiques et religieuses son impact sur la période prolétarienne en Union soviétique et ses prolongements diffus sur la recherche scientifique jusqu'à nos jours. Héritage multiple d'un courant mystico-scientifique apparu à la fin du Dix-neuvième siècle sous l'impulsion notamment de Nicolaï Fiedorov, auteur de l'œuvre commune ou Philosophie de la tâche commune.


Le Cosmisme est à la fois utopie, projet de conquête, de même qu'expérience de déterritorialisation spatiale, esthétique et historico-politique. Le mouvement entretient une relation ambigüe avec certaines phases de l'édification du communisme, trouvant ses fondements et son essor dans une période pré-révolutionnaire  et se prolongeant de manière équivoque jusque dans le rayonnement scientifique que connût la conquête spatiale soviétique dans un contexte de guerre froide.


A l'invitation de l’observatoire de l’espace du CNES pour le Festival Sidérations, festival des imaginaires spatiaux en mars 2015, Alexis Forestier et Itto Mehdaoui créent une forme Légère prenant appui sur l'histoire du Cosmisme russe : Volia panic // concert.


  • Il faut associer le mot Volia au mot qui en russe désigne précisément l’espace, le mot prostor, beaucoup plus chargé de connotations que dans toute autre langue, un mot qui renvoie à une conscience cosmique de la place de l’homme dans le monde. L’attraction de l’espace serait alors pour un Russe la manifestation d’un « esprit libre qu’incarne le monde des pâtures et des clairières », (…) L’utopie cosmique n’est pas seulement issue d’un rêve d’ailleurs, elle émane des strates profondes de la culture populaire et vient réconcilier les deux aspirations opposées qui depuis toujours se partagent l’âme russe entre l’attachement au lieu d’origine et l’expansion dans l’espace. « Le cosmisme russe ».
  • Gerard Conio

Ce premier travail, faisant office de préfiguration dans un processus au long cours s’inscrit dans la volonté de proposer une pièce performative et modulable, pouvant s’inscrire dans des contextes et des espaces fort divers. Il s'agit d'une recherche essentiellement musicale dont les différentes séquences et/ou étapes participeront de la mise en place et de l'écriture d'un projet plus lointain mais aussi plus conséquent sur le plan scénique. Le projet futur prend appui sur des textes de Nicolaï Fiedorov, konstantin tsiolkovsky, A.L. Tchichevski, Gerard Conio, Jean-Paul Curnier, V. Khlebnikov, etc.


Volia Panic /concert est alors joué une seconde fois en novembre 2015 pour le festival Bruits blancs/Anis Gras à Arcueil et enfin en juillet 2016 à la Quincaillerie des Laumes de même qu'en août de la même année à la Ferme du bonheur à Nanterre.


Volia Panic // Concert est la préfiguration, le point de départ d’un projet de création prévu pour la saison 2018/2019 gravitant autour de cette recherche liée au Cosmisme. Cette création rendra hommage à Jean-Paul Curnier, disparu en 2017, en intégrant les différents textes écrits par celui-ci au cours des premières étapes du projet ; « Le grand nécessaire » qu'il nommait « manuel du voyage spatial en dix recommandations à finalité essentialiste » constituant « une sorte de vox domini (de doxa hors-cadre, de « texte off » remémorant les consignes comme pendant les exercices de préparation) » le tout suivi de deux chansons de voyage, l'une incantatoire , Le Gilet jaune-rouge, « chanson du voyage spatial chamanique vers l’univers total…», l’autre en forme de ritournelle, La Chanson qui n’en finit pas.


Le projet rassemblera une équipe artistique et technique plus importante et donnera lieu à un travail de prise de son et de composition musicale. Il sera également l'occasion de faire apparaître un dispositif spatial sur le plateau associé aux gestes de construction qui permettront sa mise en place (assemblage in situ et dans le temps de la représentation d'un engin spatial en cours de construction). Enfin il sera l'occasion de réaliser un film avec André Robillard et de poursuivre ainsi une forme de collaboration avec celui-ci.


Le cosmisme procède d'une vaste et ambitieuse tentative de transfiguration de la vie humaine. Il s'agit pour ses protagonistes d'interroger le mystère du commun des hommes en prenant pour angle de vue l'infini de l'univers. Conquérir l'espace, le système solaire, les galaxies en est l'objectif manifeste mais dans l'espoir de comprendre souterrainement les affres de l'âme humaine, ses empêchements et ses peurs. Débarrassée du joug de la religion, d'une symbolique écrasante, dans le mouvement de la révolution d'octobre, une poignée de scientifiques comme Edouardovitch Tsielkovsky vont s'atteler à la construction d'un homme nouveau cherchant à l'extraire de la finitude liée à sa condition tout en le reliant au mouvement du cosmos.


En écho à cette entreprise titanesque, dévorante, et dans la fréquentation de ses ruines, nous espérons ressaisir l'essence même du cosmisme – en un éclair – en sillonner les décombres, à vue, avec sérieux, humour et précarité. Il s'agira également de tisser une large toile des arrières fonds politiques et poétiques de la Russie du 19eme et 20eme siècle, en s'appuyant tout autant sur les racines archaïques et paysannes russe qui inspirèrent les pères du cosmisme ( le Mir - terme qui désigne l'autonomie locales des communautés paysannes au 19eme siècle, mais également la communauté d'âme ou communauté spirituelle d'homme vivant ensemble - Sobornost - et qui inspirera Marx comme fondations possibles d'un communisme primitif ) que sur les percées, aventures et tentatives de Nestor Makhno en Ukraine, ou encore les liens qu'entretint Kropotkine avec les paysans qu'il avait pu observer dans les steppes de Sibérie. Il sera question d'interroger ce qui lie les communautés des paysans russes et la solitude de Youri Gagarine, propulsé dans l'espace, de tracer une ligne entre l'astronaute devant l'immensité du ciel, et le paysan russe face à la steppe hostile et sans horizon. A l'arrière-plan nous tenterons de suivre les lignes de force d'une histoire de la révolution russe.


Si nous voulons interroger avec sérieux ce qu'entendait Nikolaï Fiedorov par philosophie de la tâche commune ou Oeuvre commune - utopie vibrante et à la fois toujours aussi vive et nécessaire, il nous sera indispensable de nous poser la question du commun, de sa dimension ontologique.


  • L’universel, c’est ce que chaque sujet peut penser dans l’isolement, dans la solitude ; le commun, par contraste, c’est ce que chaque singularité peut construire, construire ontologiquement à partr du fait que chacune est multple mais concrètement déterminée dans la multplicité, dans la relaton commune. L’universel est dit du multple, alors que le commun est déterminé, construit à travers le multple et par là spécifié. L’universalité considère le commun comme un abstrait et l’immobilise dans le cours historique : le commun arrache l’universel à l’immobilité et à la répétton. Et le construit, tout au contraire, dans sa concrétude.
  • T.I. Negri

Nous explorerons les textes historiques, de mêmes que les études et commentaires ultérieurs, en tirerons les conséquence, en vue d'une reprise possible de quelques préceptes essentiels de ce mouvement dont nous espérons encore entendre les vibrants échos. Comme l’affirmait déjà Constantin Tsiolkovski, le père de l’astronautique russe au tout début du 20ème siècle; la conquête de l’espace n’a aucun sens en soi. Plus exactement elle ne peut en aucun cas être considérée comme une finalité suffisante, elle ne peut être comprise - et donc développée et encouragée - que comme moyen privilégie d’une actualisation plus définitive et plus complète de la conscience de l’homme comme conscience de son appartenance à la matière universelle. En d’autre terme son but est par l’expérience concrète de la pénétration dans le cosmos de libérer l’homme du « rapport » à la matière de l’univers, rapport qui supposait en premier lieu sa séparation d’avec l’univers. On le dira ainsi : le vol cosmique a pour but la conscience universelle elle-même à travers la conscience de l’homme comme matière se faisant consciente. But que Vladimir Ivanovitch Vernadski assignera au Cosmisme et dont il dira : « c’est quand l’homme pensant s’efforce de déterminer sa place non seulement sur notre planète, mais dans le Cosmos ». (J.P Curnier)

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