Londres, fin des années 90.
Tom sort d’un hôpital psychiatrique. Steve, son frère, doit l’accueillir ; gravitent autour de lui son ami Ives et le couple Laura et Dave. Cinq personnages brisés en quête d’eux mêmes ; chacun tente d’exister, de coexister, de survivre.
Au milieu de ce champ de bataille, l’espérance, symbolisée par Laura et l’enfant qu’elle porte en elle. Tom, Dave et Steve vont tenter, à leurs manières, de se raccrocher à elle. Battement d’aile de papillon, c’est la vision décalée de Tom qui va bouleverser leurs vies.

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Voix secrètes, c’est d’abord la voix d’un auteur qui utilise l’humour pour critiquer notre environnement social. Cette œuvre s’inscrit dans un réalisme radical à l’anglaise ; un courant dominé par Harold Pinter ou encore Edward Bond, mais qu’une nouvelle génération de dramaturges (avec Lee Hall) revivifie. Derrière ce titre énigmatique se cache une tragédie contemporaine à l'écriture acerbe.

En utilisant la maladie mentale de Tom, Joe Penhall libère la parole. Tom laisse entendre ses voix pulsionnelles, sans tabou moral ou social. Cette parole décomplexée conduit parfois au cocasse, en révélant l’absence d’harmonie dans les rapports humains. Par ses efforts d’insertion, de sociabilisation, Tom oblige les autres à se questionner : il agit comme un révélateur du diktat de la normalité écrasante.

La pièce s’inscrit dans un monde où les moyens de communication se multiplient alors que, paradoxalement, c’est l’individualisme et l’absence de repères que nous constatons. Joe Penhall soulève ici plusieurs problématiques : Comment vivre avec l’autre, comment trouver sa place dans notre société lorsqu’on se sent différent, lorsqu’on est déraciné? Ecouter ses voix intérieures et les affronter, ou les faire taire, et risquer l’ennui et la morbidité matérialiste ? Héritiers de Babel, ses personnages à la parole atrophiée sont le reflet de ma génération. Victimes d’une société qui a perdu ses repères, chacun de nous cherche, malgré tout, à trouver sa «Voie».