theatre-contemporain.net artcena.fr

Variations sur la mort

+ d'infos sur le texte de Jon Fosse traduit par Terje Sinding
mise en scène Claude Régy

: Une nuit révélée

Une autre lumière jetée sur la relation de la vie et de la mort change notre perception du monde.


Depuis Einstein on sait déjà que la notion de passé-présent-futur est une illusion de nos sens.


Pour Jon Fosse s’ouvre « un ordre transfiguré », où destruction et régénérescence, vie et mort, ne s’opposent pas, ne se succèdent pas, mais sont à l’œuvre ensemble dans un même espace-temps où sont présents plusieurs âges.


À travers la composition de son écriture on voit ce qui se fait se défaire – on sent aussi, beaucoup, ce qui ne se fait pas – et on voit se refaire ce qui se défait, mais dans un autre rapport,


« une autre réconciliation
que celle que maintenant nous apercevons »


dira Fosse.


C’est l’avènement d’une nouvelle compréhension,


« lorsqu’on aura compris
ce que comprendre veut dire »


C’est évoquer une réalité qui échapperait à nos moyens d’investigation.


C’est aussi peut-être une philosophie très ancienne, car c’est comme un retour à l’eau primordiale, celle de la pluie, celle de la mer, l’eau où tout se perd et se dilue, mais aussi où tout renaît.


Le dieu hindou dort éternellement sur l’eau et de là il rêve ce que nous prenons pour la réalité.


L’astrophysique sait maintenant que l’Univers est fluctuant – non stable – et que la matière se dématérialise.


« Ça s’échappe par ses brèches »


formule étrangement Jon Fosse.


Et, en musique, dans les variations, à chaque reprise, le même est rendu autre.
Il semble, traversant les eaux informes d’une autre connaissance, qu’on approche d’un autre état de l’amour. Et là se reconnaît notre ignorance, mêlée, on dirait, d’une certaine incapacité (impuissance) à vivre.


La vie aussi est capable de donner la mort.


Tout au long de ce parcours d’aveugles, ce sont les images écrites qui nous font avancer. Ces images, en les entendant on les voit.


Un indéfinissable « ami » est là dès la conception d’un enfant. C’est lui, l’ami, en étant là, en n’étant pas là, qui conduit l’enfant vers l’eau de la jeune fille noyée. Il dit, cet ami, étant ici, être d’un autre monde. Celui où elle a disparu, semble-t-il, et d’où elle voudrait revenir.


« Il était noir et trempé
et lumineux »


disait-elle.


En fait, presque silencieux, il est un seuil entre des mondes.


Par lui, dans une certaine disposition, on peut accéder à ce que nous ne percevons pas.

Claude Régy

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.