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Caubère joue Benedetto : Urgent Crier !

mise en scène Philippe Caubère

: Présentation par Claude Guerre

directeur de la Maison de la Poésie

J’étais jeune homme encore quand je tombais sous l'apprentissage d'André Benedetto. Il était un homme d’une force et d’une exigence absolue. Il avait une conscience holistique du monde. Il était habité par sa mission. Cette mission, c’était la révolution par la beauté.
Il faut dire qu’il était beau. Il roulait en moto. Il brûlait la vie. Il était un Rimbaud gitan, cultivait un marxisme d’époque, goûtait aux sirènes de la beat generation. Il avait une valeur : la liberté.
Il écrivait sans cesse, disait ses pièces seul la première fois d’une manière exaltante que nous n’atteindrions pas, emmenait la troupe on ne savait où, le chemin était le but. Il vivait immédiatement. Nous vivions dans sa passion. Il mettait le feu. La parole était le sang quotidien. Le sang des poètes.
Donner à voir le monde comme il va était notre raison d’être ensemble. Hormis le ensemble, il n’y avait rien. Il arrivait en début d’après-midi, il avait écrit un texte, on disait : on joue mercredi. On collait les affiches la nuit après les répétitions.
Il écrivait pour nous un chant collectif. Il était poète. Il parlait en poète, s’imposait en poète, exigeait en poète, râlait en poète, explosait en poète. Il maudissait, aimait, aimait deux fois, trois fois, cent fois, détestait, chassait, colèrait, puis aimait de nouveau, voilà, il n’était vivant que d’amour.
Il m’a appris l’exigence, la hauteur d’engagement, le travail puissant, le don des nuits, le don de soi, l’égotisme aussi, l’hyper subjectivité, la joie bien sûr, et puis la peine.
Il m’a transmis la beauté comme seul jugement, la langue comme invention, le goût du réel et la confiance en l’imaginaire, le souci du politique et la poésie comme médecine. Pour finir, l’inépuisable capacité humaine. Une seule force contre les machines : l’homme. Un homme vaut mieux que dix projecteurs, citation.
Nous avons Benedetto en commun avec Philippe Caubère. Qu’il désire dire Benedetto me bouleverse. Je n’aurais su le faire.


Caubère bâtit une oeuvre de mots sur le Poète. Il dresse le portrait du missionné, du nécessaire irremplaçable poète, de l’audacieux poète, de l’éternel poète, du génial et parfois insupportable poète parmi les hommes dans sa solitude de créateur. L’histoire terrible, enthousiasmante et drôle du poète.


J’aurais aimé que André Benedetto vienne dire ses poèmes dans notre Maison. Il viendra donc dans la figure du Poète que lui dresse Philippe Caubère.

Claude Guerre

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