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Unter Eis

+ d'infos sur le texte de Falk Richter
mise en scène Falk Richter

: Falk Richter : pour une poétique de l’actualité

Falk Richter mêle, au coeur même de ses textes, les plus sombres et les plus ancestrales passions de l’homme, et une vision contemporaine de nos conduites. Il ne s’agit pas ici de revisiter l’amour, la vie, la mort, à l’époque de leur reproductibilité technique, et d’en tirer un constat accablant, voire inquisiteur : son écriture inscrit en elle-même cette nouvelle pathétique, cette nouvelle manière que nous avons de nous émouvoir. À ceux qui croient encore que le théâtre est le dernier sanctuaire des passions humaines fondamentales, Richter oppose et nous propose un traité des passions contemporaines.
Les nouveaux média ne sont pas là au service d’un propos, mais sont au coeur même de sa dramaturgie. En effet, il ne s’agit nullement d’une profession de foi de l’auteur en faveur des nouvelles technologies, mais de leur nécessaire prise en compte dans notre paysage médiatique, artistique et mental.
Richter oppose les possibles, tous les possibles que peuvent fabriquer les nouvelles technologies, et l’apparente difficulté qu’ont les protagonistes à exprimer leurs émotions. Finalement, nous vivons une forme de révolution, où la technologie rend les choses possibles sans avoir à les vivre. À l’heure même où les théories de la connaissance intègrent le “tournant linguistique”, Richter lui, rend étranger le corps qui l’a vu naître.
Rappelons-nous la phrase emblématique de Jurieu qui, dans La règle du jeu, résumait son exploit par : “ce n’est pas moi, vous savez, c’est le matériel”. La critique de Richter s’applique non sur les nouveaux médias en eux-mêmes mais sur l’usage et le mésusage qui en a été fait, de notre aliénation vis-à-vis de ceux-ci.
Et c’est entre surface et profondeur que travaille Richter, faisant du corps des protagonistes une surface sensible où vient s’inscrire l’impossible discours amoureux.
Quand la parole vient à manquer, à mesure que les mots font défaut ou redeviennent abstraits, les actes prennent le relais. Seulement, comment être à la hauteur de la violence des sentiments quand les mots semblent nous manquer ? Les corps des deux protagonistes portent les stigmates des limites du langage qui est le leur. Je ne peux dire : “je t’aime”. Ne pouvant l’exprimer, comment puis-je encore l’éprouver ? Le passage obligé par la peau, par le corps et les atteintes corporelles, est alors proportionnel aux blessures de l’âme. Le corps devient la surface sensible d’une nouvelle pathétique.
Nos deux personnages sont coincés entre du trop de réel et du trop de virtuel. Il n’y a pas de pire, ou de meilleure critique de la réalité que la réalité elle-même. La rencontre de l’autre ne peut se faire que dans une extrême violence, que dans la collision. Le “crash” est seul à même de marquer les corps, de marquer les chairs, et partant de là, les esprits.

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