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Une heure avant la mort de mon frère

+ d'infos sur le texte de Daniel Keene traduit par Séverine Magois
mise en scène François Chevallier

: Le propos artistique

Sur le texte


Ce texte de Keene contient deux espaces-temps principaux : le temps supposé réel du parloir (la dernière heure) et le temps mental du souvenir, de l’évocation d’une expérience amoureuse et de son éventuelle réémergence.


A la lecture se produit une sensation de plongée, puis de retour brutal au réel, puis de replongée hypnotique. Keene entraîne le lecteur à fabriquer son propre temps de représentation.

Il y a un enjeu théâtral à cet endroit, dans ce glissement d’un temps à un autre, d’un lieu à un autre, d’un état à un autre. Parfois dans ces transitions, émerge l’image métaphorique d’une lourde porte qui se ferme ; sans doute une pause dans le déroulement de la représentation…


A ces strates de temps se mêlent les degrés d’appréhension de la réalité. Cette histoire que l’on entend, est-elle singulière et contemporaine ? Ou est-elle la pénultième version mythique du tabou incestueux ? Ou est-elle les deux à la fois ? Un autre enjeu théâtral.


L’idée de la mort, cette compagne théâtrale, est inscrite d’entrée dans ce texte comme la fin de l’histoire. Élément fondateur de la situation ; le poids de cette idée, de cette angoisse, ce fantasme, donne une densité singulière au dialogue des protagonistes, et elle doit pour moi être contrecarrée et même parfois rejetée par un désir de vie, une légèreté d’être, une insouciance indispensable. Il y a un équilibre à trouver dans ce paradoxe universel.


Ce texte pose, une fois acquise la complexité de l’interaction relationnelle, la question fondamentale du choix, de la motivation du choix : ces milliers de décisions et d’indécisions qui parsèment une vie et lui amènent une part significative de sa singularité.


C’est donc le « comment » de ce déroulement continuel d’actes, de gestes, de postures, de paroles et de silences qui me fascine. Nous l’interrogerons sur le plateau avant de le proposer au public.


Sur la thématique


L’amour et son pendant, la haine sont les moteurs de ce texte de Daniel Keene.
C’est le désir, la pulsion du désir face au tabou de l’inceste adelphique (frère et soeur), quelque chose de primitif, de mythique et dans le même temps du plus intime :
“C’est la légèreté de ses mains, sur mes seins... c’était la légèreté de ses mains qui m’a surprise.”
C’est l’absence de liberté, la proximité de la mort.


Sur les personnages


J’ai choisi de travailler ce texte, entre autres, pour l’énigme portée par le personnage féminin ; Que vient chercher Sally à ce moment précis ?
Un amour perdu, une haine à assouvir, un souvenir à raconter, un sens à sa vie ?


Qu’est ce qui nous amène parfois à agir, d’un élan, comme venu d’en dehors de nous-même, qui nous révèle en un instant plus qu’en des années d’introspection, d’analyse.


Qui est Martin ? Un caïd désespéré, un héros pénitentiaire attendant la corde ? Un être depuis toujours déboussolé, un enfant qui pleure en attendant un père définitivement absent ?


Sur les comédiens


J’ai choisi deux comédiens plus âgés que les rôles, d’une dizaine d’années, rien ne s’y oppose dans le texte.
Plus âgés pour faire entendre l’histoire et le poids de l’histoire, que chaque mot soit pensé, un bilan, pas une anecdote de vie.
Je veux y ajouter un rôle muet, un gardien. En regard, en écoute. Un geôlier qui puisse être pris à parti par l’un et l’autre. L’enjeu de l’intime prend une autre dimension. Et l’écoute indiscrète, inopportune amène une tension, une densité du silence.



L’histoire que raconte Keene n’est pas une histoire simple. La violence qui en sort remplit nos journaux, nos livres, nos écrans et les plateaux de théâtre...

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