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Une chambre en Inde

Ariane Mnouchkine ( Mise en scène )


: (9) Qu'ils comprennent le sens du mot "troupe"

Entretien avec Jérôme Rouillon

Depuis plusieurs années, ma collègue Séverine et moi suivons en spectateurs assidus le Théâtre du Soleil. Au collège Châteaubriand, nous sommes chargés de la classe théâtre, une classe de 4e composée de trente élèves volontaires, qui pratiquent le théâtre deux heures par semaine et vont voir plusieurs pièces dans l’année. Nous avions envie que les élèves, qui ne sont jamais venus au Théâtre du Soleil, découvrent leur travail et qu’ils comprennent le sens du mot « troupe ». Lorsque nous avons contacté Sylvie Papandréou, nous voulions savoir s’il était possible d’assister à des répétitions, à différents moments de l’année. Nous avons rencontré Ariane Mnouchkine à la Toussaint, elle nous a interrogés sur les temps de transport et elle nous a dit que nous n’allions pas voir suffisamment de choses si nous ne restions qu’une journée, à cause des horaires de répétition. C’est elle qui nous a dit : « Il faut dormir ici. » Nous avons donc construit un projet plus ambitieux, reçu le soutien de notre direction et trouvé un financement. Les élèves ont bien préparé leur venue : nous avons regardé avec eux des extraits de Tambour sur la digue, du Dernier Caravansérail, des interviews d’Ariane Mnouchkine, pour essayer de leur raconter le Théâtre du Soleil. En découvrant le travail de la troupe, les parents aussi ont pris conscience de l’ampleur du projet et de la chance qu’avaient leurs enfants de participer à cette expérience. Lors de notre arrivée, Sylvie nous a accueillis et nous a fait visiter les locaux. Les élèves ont assisté à la réunion du matin et Ariane a voulu qu’ils soient dans le « cercle », avec toute l’équipe. Ils ont pu rencontrer Jean-Jacques Lemêtre, Hélène Cixous et plusieurs comédiens. Comme ils ont une vision du comédien très « starifiée », ils ont été impressionnés de pouvoir approcher les comédiens, de discuter et de déjeuner à leur table.


Progressivement, ils ont commencé à poser des questions sur le spectacle. Ariane ne voulait pas tout raconter, elle avait le désir qu’ils découvrent les choses par eux-mêmes, et que tout ne passe pas toujours par des mots. J’ai décidé d’écrire à Ariane pour lui faire part des interrogations des élèves et elle a gentiment répondu, elle a eu un temps d’échange avec eux pour répondre à leurs questions. Bien sûr, ils ont accepté de conserver un certain secret sur le spectacle, ils ont le sentiment d’être d’une certaine manière des complices de cette création.


Au fur et à mesure de nos visites, leur regard évolue sur ce qu’ils perçoivent du spectacle. Ils n’ont d’abord été sensibles qu’à l’intrigue qui tourne autour d’un metteur en scène parti en Inde, puis ils ont pris conscience des thèmes qui traversent ce spectacle, des problèmes du monde qui sont évoqués, puis de ce qui touche au théâtre, c’est cela dont ils parlent désormais. Pour eux, c’est un spectacle qui parle du théâtre, de ce dont doit parler le théâtre, un spectacle qui pose la question de ce dont le théâtre doit parler au xixe siècle pour être en lien avec son époque.





Propos recueillis par Marie-Laure Basuyaux, juillet 2016, avec Jérôme Rouillon, professeur de lettres au collège Chateaubriand de Villeneuve-sur-Yonne.

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