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Une chambre en Inde

Ariane Mnouchkine ( Mise en scène )


: « On nous a déclaré en guerre ? Nous allons déclarer lapaix ! »

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Visionner l’extrait du journal d’Antenne 2 de 1987 disponible sur le site de l’Ina :



On retrouve dans ce document Hélène Cixous ainsi que Jean-Jacques Lemêtre aux côtés d’Ariane Mnouchkine, tous trois désireux de rendre compte de cette Inde qui, pour être libre, se voit séparée d’elle-même :
Cette pièce est née de l’Inde. Ce n’est pas l’Inde, elle est seulement une molécule indienne, une empreinte de pas. C’est une pièce sur l’être humain, sur le héros et la poussière, sur le combat de l’ange et de la bête en chacun de nous.


Hélène Cixous, préface à L’Indiade, p. 16, éditions du Théâtre du Soleil.


Ces propos de 1987 peuvent être mis en relation avec Une chambre en Inde de part la complexité humaine ici évoquée en lien avec une situation de crise même si celle-ci était alors délimitée par une géographie et une période historique précises. Presque trente ans plus tard, Gandhi reste présent auprès d’Ariane Mnouchkine, qui prévoit l’inscription de certaines des phrases du grand homme près de celles du Dalaï-Lama ou d’autres, issues du Mahabharata, sur les murs du hall d’accueil.
Voir entretien avec Anne-Lise Galavielle


Ecrire un dialogue théâtral


Écrire un dialogue théâtral à partir de la réplique extraite de L’Indiade ou l’Inde de leurs rêves : « On nous a déclaré en guerre ? Nous allons déclarer la paix ! » On pourra observer lors de la restitution dans quelle mesure les élèves inscrivent ou non cette phrase dans la réalité française contemporaine.


Faire lire en dialogue l’extrait de L’Indiade


Faire lire en dialogue l’extrait de L’Indiade précédant la réplique de Gandhi (voir annexe 4,


L’Indiade ou l’Inde de leurs rêves, acte I, scène 2).
Dans cette pièce, Hélène Cixous donne à voir la période historique liée à l’Indépendance indienne. L’Angleterre, puissance coloniale en place, vient de déclarer la guerre à l’Allemagne nazie et attend un engagement de tout son empire. Durant cette période de crise, nous assisterons à la naissance du Pakistan souhaitée par la Ligue musulmane. Une guerre civile particulièrement sanglante, matrice de tous les extrêmes, éclatera, laquelle débouchera sur l’assassinat de Gandhi.


Les personnages présents dans l’extrait ci-dessous, situé au début de la pièce, sont liés au parti du Congrés. Le dialogue avec Gandhi questionne la nécessité ou non de la guerre dans un contexte d’affirmation de valeurs telles que la liberté.


Nehru
Changeons d’histoire, c’est le moment.


Bapu, l’Angleterre a besoin de l’Inde. La marchande sait calculer. En ce moment, elle fait ses comptes. L’Inde vient-elle à lui manquer et le trône chancelle. Voilà pourquoi elle nous envoie son émissaire.


Azad
Et quel émissaire, un travailliste ! Sir Stafford Cripps. C’est déjà un message. On nous tend une main.


Patel
Et qu’espérez-vous donc de ce noble envoyé ? Et quelles seront vos conditions ? J’aimerais le savoir.


Nehru
L’Indépendance tout de suite, voilà ce que nous exigeons. Que l’Angleterre brise nos chaînes aujourd’hui même. Alors, retrouvant l’air, le ciel, les nuages, à l’instant nous oublierons la cage. Et le monde verra la jeune Inde, délivrée et brillante de fierté, accourir toute armée au secours des vieilles nations angoissées. Et de toutes nos forces en avant contre l’immonde. Car, nul ici n’en doute, la cause de l’Angleterre est juste.


Gandhi
Alors la première guerre qui passe et tout le monde saute dedans comme des grenouilles dans la mare?! Hop ! Indiens ? Non ! Grenouilles !
Nous engageons toute l’Inde dans la non-violence. Abdul Ghaffar Khan désarme toute la Frontière. Cent mille guerriers par excellence. Et demain il va leur dire : « Ceux d’en bas ont changé d’avis. Nous reprenons les armes ! » Honte ! Confusion ! Folie ! Je vous le dis, si c’est pour la liberté de faire la guerre, que vous essayez de mobiliser les cœurs impressionnables du Congrès, ne comptez pas sur moi, je vous combattrai, je vous renierai, je vous... sans aucune colère naturellement. Voilà. J’ai parlé. Écoutez-moi ou ne m’écoutez pas.


Nehru
Bapuji, ma mère est l’Inde, mais l’univers est mon père. Aujourd’hui l’Inde ne peut rester accroupie sous la tente asiatique tandis que le nazisme avance en dévorant peuple après peuple. Nulle guerre n’est bonne mais il y a des guerres justes et nécessaires. ...


Patel
Bapu, je vous demande pardon, mais je prends aujourd’hui le chemin de Nehru, je crois en vous, mais...


Gandhi
Mais jusqu’à un certain point seulement. A partir de la chèvre là-bas, vous croyez en Nehru.


Patel
Gandhiji, j’aime par-dessus tout la liberté. N’est-ce pas pour elle seule que nous avons lutté ?


Gandhi
Pas exactement. Allez, oubliez Gandhi.



Hélène Cixous, L’Indiade ou l’Inde de leurs rêves, acte I, scène 2, Théâtre du Soleil, 1987, p. 50-52

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