L'action se déroule au cours d'une nuit d'hiver urbaine, dans la chambre à coucher des Popokh.

Chapitre 1.

La nuit. Yona et Léviva sont au lit. Léviva dort, Yona est éveillé.

Yona. - Je suis un homme fini. Bien obligé de voir la vérité en face: je suis un homme fini.
Comment est-ce arrivé ?
Quand j'étais gosse, j'avais le monde à portée de main.
Comment tout s'est-il défait, dissous entre mes doigts ?
A questions usées réponses usées.
Il n'y a que ma détresse qui ne s'use pas.
Increvable, ma détresse.
Elle est là, bien fraîche et bien vivante.
Coment pourrais-je lui dire :
"S'il te plaît, arrête, tu exagères, les gens vivent et meurent, tous d'une manière ou d'une autre passent à côté, je n'ai inventé ni la désillusion, ni le désespoir, alors, je t'en prie, aie la bonté de t'apaiser. Du calme..."
Non, non, souffrir - fait mal. Et quand j'ai mal, c'est comme si j'étais le premier homme sur terre à avoir mal, comme si, tout seul dans l'univers, je criais:
"La vie de Yona Popokh a passé, la vie de Yona Popokh est passée ... !"

(prologue d'Une Laborieuse Entreprise d'Hanokh Levin, traduit de l'hébreu par Laurence Sendrowicz)

C'est ainsi que débute cette comédie grinçante qui met en scène cette "laborieuse entreprise" - quand elle n'est pas en faillite- que sont la vie de couple et la "vie tout court"... Au crépuscule de sa vie, quel constat ? Peut-on tout effacer et recommencer ? Comment incarner qui on est vraiment ?
Yona et Leviva Popokh vivent sous le même toit depuis trente ans, trente années de tendresse, de disputes, d'ennui, de solitude, d'incompréhension, de malentendus et d'échanges complices tout à la fois ...

Une comédie au ton doux-amer dont on ne ressort pas "indemne" ...