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Une Histoire suisse

+ d'infos sur le texte de Jérôme Richer
mise en scène Jérôme Richer

: Le Spectacle

Toute société pour perdurer se construit un certain nombre de mythes. Ils sont le ciment sur lequel cette société repose. La Suisse n’échappe pas à ce penchant pour la mythologie. La compagnie aérienne Swissair était un fleuron national. Quand elle s’est effondrée, la Suisse a vécu un drame national qui a profondément affecté son identité et sa confiance en elle. La stabilité inébranlable des banques suisses est un autre de ces mythes. C’est un mythe patiemment construit à travers l’histoire. C’est aussi une de ces images d’Epinal qu’on accole à l’identité suisse au même titre que le chocolat et les montres. Pendant de nombreux mois, la première banque suisse, l’UBS, a connu une crise sans précédent qui a affolé autant les marchés que les simples particuliers. Cette crise nous interroge sur notre identité, sur le lien qui unit l’histoire suisse à l’histoire économique européenne et mondiale, sur l’image que véhicule la Suisse tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières. Cette crise est une matière à spectacle, obéissant à une dramaturgie savamment élaborée avec ses mystères, ses révélations, son lot d’émotion, ses méchants, son peuple «innocent» qui se sent trahi. Il n’y a que les héros qui sont difficiles à trouver.


Ce spectacle s’insère dans le droit fil des expériences menées en leurs temps par les deux grands dramaturges suisses que sont Max Frisch et Friedrich Durrenmatt. Ces deux auteurs ont su à travers leur oeuvre questionner habilement la Suisse et son passé, proche ou lointain. Dans un pays où le consensus est érigé en règle de vie, ils ont bouleversé un certain nombre de certitudes liées à l’identité suisse. Le théâtre contemporain est le produit d’une histoire. Cette histoire ne doit pas être niée. Elle doit au contraire être assimilée. Le travail de Max Frisch avec des pièces comme Andorra ou Monsieur Bonhomme et les incendiaires est un constant guide dans la démarche de Jérome Richer.


Un super héros


Le « super héros » suisse s’appelle Super Suisse. Il est chargé de veiller aux intérêts de la Suisse quand ceux-ci sont mis en péril. Il intervient à la moindre attaque contre l’identité suisse.


Aux Etats-Unis, les personnages de super héros sont nés principalement dans des moments de péril pour le pays, comme une manière de lutter contre la peur qui envahit les consciences. Ils répondent à une fonction sociale sous forme de divertissement. Avec la crise qu’a connu l’UBS, la création d’un super héros se justifie pleinement. Super Suisse est porteur d’un certain nombre d’interrogations liées à la Suisse. Sa volonté inébranlable de défendre l’honneur de la Suisse est susceptible de se transformer en formidable matière de jeu. Chacune de ses apparitions est une manière d’approfondir ce questionnement. La présence d’un super héros dans le spectacle entre de plein pied dans une volonté de traiter de manière ludique un sujet complexe.


Quel homme se cache derrière son masque ? Que se passe-t-il quand il rentre à la maison le soir ? Super Suisse a-t-il une femme ? Des enfants ? Qui pourra répondre à ses questions ? Qui saura démêler le vrai du faux ?


Recherche


La base du spectacle repose à la fois sur des éléments historiques et sur des faits de l’actualité récente. Les liens entre la Suisse et l’argent sont particulièrement anciens. Jérôme Richer a recherché à travers l’histoire tous les éléments qui ont contribué à constituer cette identité si spécifique de la Suisse.


Sa volonté est également de ne pas éviter pas les sujets polémiques comme celui des rapports de la Suisse avec l’Allemagne Nazie ou encore avec l’Afrique du Sud de l’apartheid. Le but n’est pas de remuer une certaine mauvaise conscience nationale, mais de chercher à établir le tableau le plus juste des différents rapports de la Suisse à l’argent. Ce spectacle est né d’une véritable interrogation sur l’identité suisse et non d’un jugement préalable sur le pays.


Une enquête


Comme un journaliste d’investigation, il s’est plongé dans les éléments plus récents liés à la crise financière et plus particulièrement à la crise de confiance profonde qu’a traversé l’UBS. Une partie du travail a consisté à étudier la plupart des articles de presse parus dans les journaux sur le sujet.


Dans nos sociétés occidentales, l’argent est présent dans tous les domaines de la vie. Il règle le moindre de nos rapports sociaux. Il affecte même notre sphère intime. Jérôme Richer a choisi de questionner un certain nombre de professionnels de la finance (historiens, journalistes, traders, banquiers, gestionnaires de fortune) mais aussi de simples particuliers sur leur rapport à l’argent, sur la place qu’il prend dans leur vie. Dans sa construction, le spectacle cherche à mélanger la grande histoire avec l’histoire intime des individus.


Auto-critique


Le spectacle contient dans sa forme sa propre critique, une manière de réfléchir au théâtre d’aujourd’hui, dans un monde où tout est devenu spectacle.


Un spectacle ludique et musical


La recherche théâtrale de Jérôme Richer s’articule beaucoup autour de la notion de plaisir, plaisir pour les comédiens à être en scène, plaisir à être avec le public, plaisir du public luimême. Il cherche à retrouver sur scène cette innocence du jeu propre aux enfants. Quand les enfants s’amusent, ils ont paradoxalement toujours un côté très sérieux. Jouer peut être à la fois très sérieux et procurer aussi un immense plaisir.


Une histoire suisse est un spectacle léger, non pas parce que le sujet est léger mais parce que c’est souvent dans la légèreté que les propos les plus forts sont tenus sur scène et acceptés par un public : poser des questions, mettre en lien des éléments qui paraissent dissociés, ouvrir des espaces insoupçonnés.


La musique revêt également une place importante dans ce spectacle. Pour l’occasion, c’est le musicien et chanteur Jerrycan qui a créé et qui jouera en live les chansons d’Une histoire suisse. Des chansons pop, naïves, légères, qui collent à l’univers de la culture populaire helvétique et qui se jouent des clichés sur la Suisse avec innocence. Il est le guide du spectacle, à la fois proche des spectateurs et témoin de ce qui se déroule sur scène.

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