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Une Femme seule

mise en scène Pierangelo Summa

: Mot de l'auteur

Nous connaissons les contes du Moyen Âge français, les fabliaux, que presque toujours des affabulatrices très adroites répliquaient. Dans le Boccace ce sont les femmes qui tiennent le jeu du Décaméron (…) : ce sont elles qui prennent la parole plus souvent que les hommes, pour le récit cyclique des nouvelles. Et presque toujours, les histoires racontées par ces demoiselles sont plus drôles et provocatrices, surtout sur le plan de l’érotisme, que celles des hommes.
Dans Une femme seule, comme dans le monologue de Nous avons toutes la même histoire, il y a (…) la séquence d’une femme qui mime un rapport sexuel avec son homme. La femme se plaint de la fougue et du manque d’affection de son partenaire. Elle joue sa déception, une dispute explose… Ensuite, les deux se réconcilient et reprennent à faire l’amour. (…) Il m’est arrivé d’assister en plusieurs occasions à la représentation du même monologue par beaucoup de comédiennes : anglaises, finlandaises, suédoises, françaises, allemandes, américaines… (…) Entre elles, il y en avait quelqu’une (…) ui jouait avec mesure et équilibre aussi ; mais la plupart forçaient les tons et, dans le souci de rester réels, on soulignait chaque geste par des accents d’un naturalisme plutôt désagréable. Elles pliaient les hanches, bondissant après avec le pubis, par des coups tout à fait capables d’écraser le sexe en bronze d’un des guerriers de Riace ; ou bien elles esquissaient, étendues sur le dos, des danses du ventre. (…) Il n’est pas dit que le public ne s’amusait pas, mais les rires qui éclataient gâtaient soit la progression théâtrale soit la valeur du personnage. La tendresse, les sentiments délicats (…) restaient au pied de la lettre fauchés par cette pantomime osée, pardon, victime d’une fessée. Ce n’est pas une question de pruderie. Je suis d’accord avec autant de femmes qui luttent pour qu’on se libère, une fois pour toutes, des stupides inhibitions sexuelles qu’on nous a inculquées pendant des années, mais j’y voudrais arriver toujours, même dans l’action de baisser mon caleçon, avec un minimum de style.


Dario Fo, Manuale minimo dell’attore, 1987-1997, Giulio Einaudi Editore
(traduction Gabriella Merloni)

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