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Un sentiment de vie

+ d'infos sur le texte de Claudine Galea
mise en scène Jean-Michel Rabeux

: Présentation

Depuis plusieurs années, Jean-Michel Rabeux noue avec Claudine Galea un dialogue d’une rare délicatesse. Avec Un sentiment de vie, il met en scène la dernière pièce de l’autrice, un texte d’amour filial où s’entrelacent musique et littérature

La comédienne Claude Degliame s’adresse au public. Elle joue une autrice qui, des années après la mort de son père, trouve enfin les mots pour lui dire la force de son amour. « Cette pièce raconte d’abord la relation entre deux générations, explique Jean-Michel Rabeux. Et, comme dans tant de familles, on parle de politique pour taire son affection. Le père est militaire des guerres coloniales, pied-noir, réac, comme on dit. Mais ce père est doux et pudique, il est terriblement vivant, drôle et joyeux. » Pour écrire Un sentiment de vie, Claudine Galea dit avoir « emprunté » le corps de son père, pour éprouver les « sales traces » que la guerre d’Algérie a laissées dans l’histoire de sa famille. « Ces mémoires-là se transmettent longtemps, elles traversent les générations, comme les chansons populaires. » Plutôt que la violence, c’est en effet la musique qui réunit le père et la fille. Frank Sinatra résonne dans l’autoradio, sa voix fait couler les larmes et oppose à la Grande Histoire les choses légères et capitales de la vie quotidienne. Sur scène, c’est le comédien et musicien Nicolas Martel qui rejoint Claude Degliame et égrène quelques morceaux à la guitare. Sa présence est tendre et fantasque, il est d’ailleurs costumé en aristocrate du XVIIIe siècle, comme pour rappeler l’importance de la littérature dans la vie de Claudine Galea.


Au dialogue entre le père et la fille se superpose ainsi une conversation imaginaire avec des écrivains allemands, de Falk Richter à Lenz, dramaturge dont Georg Büchner raconte la traversée des Vosges en 1777, sa folle marche dans la neige et dans le froid. « De nombreux textes font irruption dans le spectacle car ils ont changé la vie de l’autrice et font partie de son corps », poursuit Jean-Michel Rabeux. La littérature, comme la musique, dressent un autre héritage, une généalogie où l’amour peut enfin se dire. En entremêlant ces bribes de souvenirs, de chansons et de textes, Claudine Galea donne aussi à sentir le travail de l’écriture. Le spectacle est « le rêve d’une autrice en train d’écrire. Nous sommes invités dans le théâtre de ses pensées. Et son écriture est charnelle, elle mène hors de la norme, elle inclut la mort dans la vie et ne craint pas les excès intérieurs. » Cherchant la beauté, Un sentiment de vie « prend le risque de la folie ». Mais cette folie, comme celle de Lenz, est pleine de lumière, aussi éclatante qu’une vaste étendue de neige.

Victor Roussel

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