Fondée en 1994, la Cie Marin se consacre quasi exclusivement aux écritures contemporaines. Chaque année, nous lisons une septantaine de textes dramatiques d’horizons divers afin de découvrir au plus proche de notre sensibilité des oeuvres qui résonnent de manière singulière avec le monde contemporain. A partir des cinq ou six textes ayant retenus notre attention — autant pour leurs sujets que pour leur qualité littéraire — nous engageons une discussion avec les membres de la Compagnie et définissons ensemble celui qui semble le plus à même de s’inscrire de manière organique avec le développement de notre parcours.

Durant l’été, il nous a été donné de lire l’intégralité de l’oeuvre dramatique du dramaturge et metteur en scène français Jacques Lassalle. Un grand nombre de ces textes sont inédits. Ils témoignent de l’évolution de la pensée et de la dramaturgie d’un auteur attentif à la manière dont le théâtre peut réfléchir le monde.
Nous avons été particulièrement touché par Un dimanche indécis dans la vie d’Anna, créé en 1980 dans la petite salle du Palais de Chaillot par son auteur. Dans cette pièce, Lassalle s’interroge sur l’articulation de l’intime et du politique. Nous l’inscrivons dans la continuité du travail sur l’intime entrepris avec par exemple Le Collier d’Hélène de Carole Fréchette (2002) ou Le Grand retour de Boris S. de Serge Kribus (2008), ainsi que dans la continuité du questionnement politique appréhendé notamment dans Jours rouges de Jérôme Meizoz (2003) ou Il faut parfois se servir d’un poignard pour se frayer un chemin de Roberto Alvim (2007).