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Un Chien dans la tête

mise en scène Olivier Letellier

: Note d'intention

La Honte comme point de départ...


Une émotion forte, violente, parfaitement universelle, expérimentée dès l'enfance, qui nous contraint à grandir et à façonner notre identité : ce point de départ nous semble faire sens dans la perspective d'une rencontre avec les publics jeunes.
Nous nous construisons en partie en réaction à des évènements violents, qui nous marquent et deviennent les moteurs de nos choix de vie fondateurs.Nous avons toujours honte par rapport à quelque chose. Soit on se cache, réaction qui contient en elle-même une certaine violence, soit on fait des choix pour éviter ou affronter la situation qui engendre la honte, et ces choix nous permettent de grandir.


Comment grandir ? Une question fondatrice dans le conte, les récits initiatiques, dans mon travail et celui de Stéphane Jaubertie. Comment la honte peut-elle, au bout du compte, nous permettre de nous construire ?
La honte constitue un moteur qui anime le personnage, et l'amène à réagir. C'est un déclencheur de l'action, et non son acmé. Pour Stéphane, il s'agit donc de trouver l'évènement qui découlera de cette émotion et constituera le point d'orgue de la pièce. Elle ne sera donc pas le thème central de l'histoire, mais en impulsera le déroulement. La honte appelle nécessairement le travestissement. Il faut en cacher la cause et les symptômes (rougissements, sueur...), transformer sa propre image sociale. Puis au travestissement succède généralement la rébellion, contre ce qui fait honte, contre la honte elle-même, ou contre la société ou les individus dont le regard génère le sentiment de différence. Le personnage qui éprouve de la honte a donc un chemin à parcourir, constitutif d'une trame narrative.
Cette thématique renvoie évidemment à l'acceptation, l'image de soi, la quête de notre personnalité... notions centrales dans la vie des enfants et des adolescents, et que j'interroge dans chacun mes spectacles.
Elle est également source de mensonge : on se cache de ce qui nous fait honte, mais l'on dissimule aussi la honte elle-même, derrière un sourire, une attitude. Elle génère ainsi des frustrations, de l'enfermement, de l'isolement. Elle empêche de parler, muselle. Nous l'expérimentons tous, et en parlons très peu.
En l'abordant de manière frontale sur un plateau, nous chercherons notamment à briser cette loi du silence, pour inviter les jeunes spectateurs à en reconnaître le caractère universel, et à interroger leur façon d'y réagir.


Perspectives du plateau...


La mise en présence de plusieurs comédiens me permettra dans ce nouveau projet de jouer avec une plus large palette d'émotions qui seront également véhiculées grâce aux images scéniques, aux objets, aux situations.
La scénographie ne sera ni dépouillée, ni réaliste pour autant. L'écriture de Stéphane évite sans cesse le réalisme, elle reste concentrée sur une vision intime et poétique du monde, qui rejoint ma propre vision du plateau : un espace symbolique.
Avec le thème de la honte, cette notion d'espace symbolique prendra toute sa puissante. La honte amène à se cacher : si l'on cache une attitude ou une situation derrière un mur inexistant, simplement dessiné au sol par exemple, l'exclusion engendrée par le rejet d'autrui ou la volonté de ne pas voir ce qui se passe derrière ce mur prennent pour le spectateur une toute autre force.
Je continuerai également de travailler sur la force de l'image scénique et de l'évocation, pour signifier les émotions et les situations, sans jamais les surligner.
De façon générale, mon travail fait appel à la force de l'imaginaire. Grâce à l'objet par exemple, il est possible de créer des connexions affectives avec le spectateur : une boîte à biscuits en fer signifie avec plus de puissance l'intérieur de notre grand-mère que la représentation d'une pièce avec rideaux de dentelles et papier-peint à fleurs !
Cette puissance évocatrice sera une fois encore au centre de mes interrogations pour cette nouvelle mise en scène, dont les images naîtront à la lecture du texte et s'affineront au fil du travail.
Pour mener cette recherche, je constituerai une équipe de création des lumières, de l'univers sonore, de la scénographie et des costumes. Une occasion de poursuivre certaines collaborations complices, d'en retrouver ou d'en engager de nouvelles...

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