Trust

Invention de la confiance oblige. Invention, comme premier mouvement théâtral de cette dramaturgie. Invention et réinvention, pour trouver, retrouver et développer les acquis. Un acte bien shakespearien au-delà des limites pour activer le processus du devenir. Le devenir comme un futur compétent. La chose est éminemment théâtrale. On éprouve à la fois le réel et la réalité de la vie de ces jeunes acteurs et celle de leur acte de jouer. La scène est le trait d’union. C’est ce laboratoire qui permet de façon évidente la transformation de toutes ces questions et aspirations en moteur dramatique.

SHAKESPEARE

Je n’ai jamais eu à l’esprit la simple tentation de monter Shakespeare. Je l’aime et cela me suffit. La question pour moi est comment faire transpirer Shakespeare dans la matière que j’aborde. D’évidence, je me dois de le faire, pour cette jeunesse, pour cette période trouble et passionnante à la fois, parce que nous sommes là où nous sommes politiquement et que nous devons passer par le plateau pour inviter les choses à se penser autrement. Y a quelque chose de shakespearien à ça : un esprit, une poétique... Mais dans la pièce, nous ne parlons pas de Shakespeare, encore moins de ses personnages, nous n’empruntons aucunement les extraits de ses pièces. C’est un coup d’État que nous pensons accomplir, un coup d’État avec Shakespeare.

ALLÉLUIA

Ces derniers temps, mon cerveau vacille à une vitesse folle entre la place du spectateur et celle du créateur dans mon acte d’inventer et de donner à entendre, à voir et à crier puis à méditer, comme si je me posais la question de savoir à laquelle des vérités je devrais me soumettre. J’utilise le verbe « se soumettre » pour montrer le côté radical de cette préoccupation. Et je me sens subitement à l’étroit, écrasé par le poids de ces deux entités fortes. Aujourd’hui, je me dis que peut-être le souffle nouveau ne viendra ni de l’un ni de l’autre. Mais il est bien là, quelque part, traînant à la lisière de la scène entre les acteurs et les spectateurs, sur un mince fil bien tendu qui sépare toute forme de réalité à celle de la fiction, y compris la réalité de la fiction elle-même qui n’est qu’une fiction de la réalité. Et c’est sur ce fil que j’aimerais faire danser mon écriture et défiler les acteurs, qu’ils rebondissent... Et qu’ils hèlent, secouent, inventent...

Dieudonné Niangouna