: Un mythe ou une tragédie de l’ordinaire ?
Au commencement il y avait l’amour… Un amour
de jeunesse et adultère, passionnel, enflammé,
chargé de désir charnel. Au commencement il y avait
un homme et une femme qui s’offraient l’un à l’autre
au-delà d’une simple relation sexuelle avec tout ce
que le coeur, l’esprit, l’âme et le corps peuvent satisfaire.
Dès les premières lignes, le ton est donné,
une écriture d’abord lancinante comme peut l’être une
petite musique, comme une chanson à la fois omniprésente
et lointaine. Au commencement on pourrait
penser à une pièce de Marguerite Duras mais à
l’évidence on s’éloigne rapidement de son univers.
Sans doute aurait-elle aimé écrire cette oeuvre.
Au commencement le dialogue se veut banal.
Comme l’est la rencontre de deux anciens amants
après qu’ils se soient aimés, donnés l’un à l’autre au
cours d’une relation de chair et de sentiments les ayant
transportés au paroxysme de l’amour. Mais de cela
que reste-t-il au bout de quinze ans. L’amour et le désir
de l’autre résistent-ils au temps, à l’usure des années,
de leur vie de famille, de leur carrière professionnelle.
On est chez des cadres supérieurs, des gens de pouvoir.
Alors commencent ces joutes verbales,
ces entreprises de séduction, ce jeu consistant à savoir
si l’un a toujours envie de l’autre. Marco Antonio
de la Parra nous offre là un texte d’une rare beauté
démontrant tout ce que le désir a de bestial.
Un texte sensuel et sexuel qui va du simple effleurement
suggéré à des scènes chargées d’une violence à peine
contenue. Un texte tactile qui fait basculer les corps,
pousse de grands cris.
En s’emparant du mythe de Tristan et Yseult,
l’auteur le transforme en tragédie triviale mais tout aussi
intemporelle que la légende du moyen-âge. D’une simple
histoire d’adultère, comme il en existe tant, il tire
une pièce où intensité et tension cohabitent avec
délectation. Une pièce ponctuée de rage passionnelle
et de plages d’accalmie, avec un sens du rythme comme
seuls les auteurs d’Amérique Latine savent les composer.
Ici l’action se déroule dans un bar désert, la nuit,
avec ses ombres et ses murmures lointains, avec en écho
la fureur des mots de l’amour passionnel. Un lieu qui fait
penser à ce tableau d’Edward Hooper où un homme
et une femme accoudés au comptoir semblent partager
un secret. Mais cela pourrait être un hall d’hôtel,
une chambre, même une gare. Un lieu impersonnel
comme pour donner plus de lyrisme et de force au propos.
Et puis il y a toujours le danger qu’une telle
situation puisse perpétrer car la passion conduit souvent
au crime, l’amour n’est-il pas parfois le meilleur serviteur
de la mort ? De la fin nous ne dirons rien mais il s’agit-là
d’une des pièces les plus saisissantes et singulières
qu’il nous soit donné de voir et d’entendre. Un texte
d’une richesse à la fois crue, jamais vulgaire, et sensuelle.
Un texte d’une violence et d’une somptuosité
comme peuvent l’être les histoires d’amour.
Comme au commencement…
Ce qu’en dit Leonardo Alejandro Hincapie : Un bar.
Un homme. Une femme. Un lieu public pour
une rencontre privée. Une histoire qui ne finit jamais
de recommencer et deux amants qui sont lassés
de se dire au revoir. Une rencontre éternelle de deux
êtres humains aux frontières du désir, du désespoir,
de l’impossibilité de l’oubli. Tristan et Yseult
se rencontrent encore une fois dans le même bar,
avec la même musique, pour s’aimer, encore une fois,
pour se démentir.
Ce spectacle sera conçu comme une histoire
d’amour à portes fermées. Espace pluridimensionnel :
un bar, ou une chambre d’hôtel, ou un cabinet
gynécologique, ou la rue, ou le salon d’une grande
maison. Et la musique, toujours la musique, qui revient
comme une obsession.
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