Comment avez-vous découvert le podcast Superhéros ? Quelle a été votre réaction à son écoute ?

J’ai découvert le podcast quand Hélène Ducharne m’en a parlé, après de longs mois d’absence et un café de retrouvailles au bord de l’eau. Elle l’a évoqué au détour d’une phrase, presque en blaguant. J’ai eu envie de l’écouter et j’ai retrouvé la référence chez moi. Je ne m’attendais pas du tout à ce récit, et c’était encore plus troublant de la part de quelqu’un que l’on pense connaitre et dont on a la sensation de découvrir des pans de sa vie inimaginables.

Est-ce que ces séances d’enregistrements ont bouleversé des choses en vous ?

Oui, bien sûr, l’écart entre la voix si joyeuse d’Hélène, pleine d’entrain, et les événements dont il est question a ouvert un gouffre en moi, comme si je sentais circuler plus vivement le sang dans mes veines. L’admiration face à son courage et sa joie de vivre m’a fait reconsidérer l’importance du regard sur les choses plus que les choses elles-mêmes...

Comment allez-vous procéder pour en construire un récit théâtral ? Comment allez-vous vous emparer de ces entretiens, de ces deux voix ? Faut-il tout réécrire ? Ou tout interpréter tel quel ?

Dans le cas présent, c’est un peu particulier car il s’agit d’une demande d’Hélène, que je reçois comme un cadeau, et ce n’est bien sûr pas la même démarche que lorsque je suis à l’initiative d’un projet. Mais si j’ai accepté, c’est aussi que cela rejoint des questionnements qui font écho à mon travail, sur l’identité, comprendre qui l’on est... Et plus il y a de singularité, d’originalité dans le parcours d’un individu, dans sa manière de voir la vie, plus j’y trouve des fils qui relient nos histoires, notre humanité commune. Mais c’est la première fois que je travaille sur une matière sonore, une interview, sans support textuel, c’est donc aussi une vraie nouveauté.

Il s’agit ici d’une personne « privée », et non d’un personnage public. Est-ce que cela change quelque chose pour vous ?

Oui, bien sûr. Plus de pression sûrement, car il y a la peur de « trahir » quelque chose de la personne. Un plaisir aussi, car ce lien est présent du début à la fin, je pense à Hélène tous les jours et je peux l’appeler si j’ai des interrogations, l’envie de partager une pensée, une émotion. Nous sommes allés chez elle, récemment, avec Christophe Garcia, voir les vrais objets, les photos, les lettres dont il est question dans le podcast. Je ressens en même temps une nécessité de « partir de soi », dans les deux sens, et ainsi faire se rejoindre nos deux sensibilités. Son énergie de parole, qui n’est pas du tout la mienne, me fait un bien fou. Il s’agit moins d’imiter une voix, que de sentir ce que ce goût des mots, ce plaisir à prendre la parole modifie dans ce récit... Et en même temps, il s’agit de s’approprier cette histoire pour recréer autre chose que la simple illustration du podcast. Un sacré défi, mais très excitant !

Savez-vous déjà ce qui va se passer sur scène ? Où vous serez ? Dans un espace concret, le studio de radio, la cuisine ? Dans un endroit imaginaire ?

Un espace quotidien, je pense, un espace de vie... Ce que je retiens du podcast, c’est le bruit de sa cafetière qui interrompt net une phrase, au milieu d’un récit épique. Donc, l’idée de la cuisine est présente pour l’instant, oui. Faire se côtoyer un espace quotidien, qui nous relie à des choses très concrètes, et donner aussi à cet espace la possibilité de développer un imaginaire autre par un travail de lumière, de sons, de révélateurs... Des choses apparaissent, des écrits, des souvenirs, des objets... Comment le puzzle se constitue petit à petit... Comme vous le voyez, tout est à l’heure actuelle encore à l’état de questions !