Je ne conçois pas la mise en scène et la mise en oeuvre du projet Top Girls autrement que dans la durée, avec l’expérimentation en profondeur sur le plateau des différents univers de la pièce, des nombreuses thématiques abordées par cette oeuvre complexe et séquencée, afin de pouvoir donner sens à chacun des éléments qui, imbriqués les uns avec les autres vont former ce tout.

Top Girls c’est une histoire de destins croisés dans laquelle le spectateur avance à petits pas, comme dans une intrigue. Peu à peu se tissent les liens entre les personnages, se construisent les ponts et les mises en perspective.
C’est pourquoi l’idée a germé de donner à voir au public, trois chantiers de création dans les mois qui précèderaient l’exploitation.
Ces chantiers seraient construits autour des grandes directions qui me semblent se dégager de la pièce : la figure de la femme et ses multiples visages confrontés aux choix d’une vie.
Ils seraient au nombre de trois : La figure féminine et le fantasme, la figure féminine et le monde du travail, et La figure féminine et la cellule familiale.

L’esprit de ce projet d’étapes, c’est de proposer au spectateur un « parcours autour de l’oeuvre », construit comme la pièce, avant de venir voir une représentation. Intégrer le spectateur à ce travail de recherche, et permettre aux actrices et à l’équipe artistique de construire et déconstruire au fur et à mesure du projet.

Les spectateurs seront donc conviés à un travail d’expérimentation, d’un format d’environ trente minutes pour lequel nous aurons abordé le texte mais aussi et surtout des matériaux associés au texte. Cette recherche, tout comme la pièce, appelle à regrouper les différentes forces de arts vivants, cinématographiques ou plastiques.
Durant ces étapes, nous mènerons un travail autour du corps, à l’aide de la chorégraphie pour proposer une partition du quotidien de la vie, un travail sur la langue (rythmique du texte et mise en relation avec d’autres écrits), un travail autour de l’image grâce à la mise en perspective de la pièce avec la photographie, le cinéma, la peinture et théâtre d’image qui tous à leur manière, décrivent avec puissance l’équilibre des formes, des couleurs, la force d’un angle de vue, et un travail autour d’une exploitation particulière de l’Espace Icare qui propose de nous accueillir.
Ce travail préparatoire transdisciplinaire nous permettra d’essayer une démarche fondée sur l’ouverture constante, la déstructuration des acquis du plateau pour se renouveler, se réinventer et la mise en perspective avec d’autres matières d’hier et d’aujourd’hui pour écouter les résonnances du texte avec le monde actuel.

A la suite de chacune de ces présentations, un moment d’échange sera organisé entre les spectateurs et l’équipe artistique pour tester le travail et permettre au public de s’initier et de partager notre démarche de création théâtrale.

En amont et en aval de ces chantiers, nous allons travailler avec les acteurs du terrain et les publics intéressés : élèves et professeurs des collèges et des lycées, personnels et résidents des foyer de jeunes travailleurs, membres et bénéficiaires d’associations travaillant autour de la place de la femme dans la société, éducateurs et bénéficiaires d’associations de jeunes...afin d’aborder les questions soulevées par la pièce, grâce à la mise en place d’ateliers de jeu, de paroles et d’écriture.

Aurélie Van Den Daele