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Accueil de « Tokyo Bar »

: Un couple américain échoue dans un bar d’hôtel à tokyo…

Attention. Ici, chaque mot compte. Échoue. C’est à dire « est échoué », comme un bateau sur une rive inconnue après une tempête. Mais aussi « est un échec », celui d’une vie et celui d’un amour. Ces deux étrangers loin du pays natal ne sont pas un jeune couple en voyage de noces. Mais un couple en exil et au bout du rouleau. Comme interroge d’ailleurs Blanche dans le Tramway : « Vous connaissez le bout du rouleau ? »
Tokyo est loin de New York et de cette Côte Est des États-Unis où Mark et Miriam ont fait leur vie.
Ce qui a dû être entrepris comme un voyage pour re-commencer, une tentative pour changer d’air et de décor, se révèle sous son vrai jour : ce n’était qu’une fuite en avant, condamnée d’entrée de jeu.
Quel cadre plus approprié à cet échec, à cet exil, à cette délitescence d’un amour qu’un bar d’hôtel sur un sol étranger : lieu neutre, lieu impersonnel, comble du no man’s land à force d’être traversé par des passants indifférents, par des inconnus qui ne font que passer, et jamais par des personnes qui s’attardent.
Toute l’ambition de l’artiste Williams, en titubant et trébuchant comme l’artiste Mark dans sa pièce, c’est d’essayer de faire pousser d’humaines racines dans la dureté vernissée de ce lieu implacable. Dans un bar d’hôtel à Tokyo, des êtres de chair et de larmes vont vibrer et vociférer, le temps d’esquisser quelques pas, mais c’est d’une danse de mort qu’il s’agit.
Le seul avantage que nous ayons sur ceux qui ne sont plus, c’est que nous sommes. Que maintenant est notre temps de vivre. Avec pour tout hochet, la trace de ceux parmi les morts qui ont été artistes. Ce pauvre simulacre de vie que nous appelons l’art.

Jean-Marie Besset

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