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Timon d'Athènes


: Note d'intention

TIMON D'ATHÈNES s'est imposé à moi pour ouvrir ma première saison au Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté.
Ce spectacle je le souhaite comme le manifeste de mon projet artistique.
Je vise un théâtre de la présence. Cela passe inévitablement par l'acteur, son corps, sa voix, son esprit.
Un espace, du mouvement et l'espoir d'un passage. Cela se joue avec les corps et avec les mots. Shakespeare est maître en la matière.
Depuis Hamlet il m'accompagne dans sa démesure, ses fulgurances, son incroyable poésie.
Acteur/écrivain il convoque les puissances, toutes les puissances.
De l'innocence des pierres au mouvement des planètes, il scrute l'homme dans ses moindres paradoxes.
Il est le grand clown équilibriste de la mort.
Sa vie déborde et son inépuisable énergie transcende et l'espace et le temps.
Je souhaite qu'avec lui l'acteur réinvestisse sa maison, qu'à nouveau nous hantions les espaces du théâtre et de la Cité.


Timon d'Athènes est tout à la fois fable sociale, politique et métaphysique.
Cette pièce scrute la condition humaine. Elle présente face à face identité et altérité.
Inlassablement Shakespeare pose cette question de l'être là.
L'écart inévitable se creuse entre l'être et l'avoir.
Dans Timon l'avoir se transfère en être.
Il y a du danger à se définir par ce que l'on a plutôt que par ce que l'on est.
C'est la leçon de Timon : la dialectique du don et de la dette, du cadeau et du retour.
Une manière de donner et une façon de se donner pour en finir.
Timon cherche à épurer l'humain du poison de l'intérêt.


C'est aussi une pièce sur l'amour dans un monde où tout se mesure.
Qui est capable du don sans attendre un retour?


Découvrir l'altérité c'est apprendre l'altération, c'est vaincre ses certitudes.
Timon creusant en quête de racine, trouve l'or qui lui manquait.
Mais un or d'un autre ordre, un or métaphorique capable de transmutation.


Ce que je suis et ce que je puis ne sont pas déterminés par mon individualité.
Le passage, la rencontre, ce face à face avec un autre soi-même, Timon semble l' avoir trouvé dans l'effacement, la disparition.
C'est à dire, dans le silence de la nature.
Mais Shakespeare sait la puissance de l'inscription.
Il laisse ses traces, comme une empreinte molle, à nous d'en trouver l'énigme.
À nous acteurs de le manifester.


Cette pièce est un appel à dépasser le monde ancien.
Ce pourrait être un réalisme écologique contre un idéal économique.
Un message de solidarité lancé en direction des travailleurs de la mer, ces pauvres matelots affairés sur la scène comme sur le pont du bateau.


"Et pourtant j'aime mon pays, je ne suis pas de ceux qui crient de joie dans le naufrage" nous dit Timon misanthrope.


De la crise du pétrole il y a presque 40 ans quand Peter Brook nous révèle cette pièce à la crise de la dette en 2012, le bateau prend l'eau.
Timon d'Athènes aujourd'hui c'est le présent de notre Europe.


Osons le désengagement des mensonges et des masques.
Retrouvons l'élan créateur au delà des conventions, des habitudes, loin de toute suffisance intellectuelle.
C'est ce qu'il me semble trouver en substance dans Timon.
Un remède à la mort des sens et de l'esprit.
Comment préserver l'outil et comment le transmettre, c'est l'histoire de notre responsabilité.
Ré-inventons, imaginons, ensemble, ou courons sans tarder nous pendre ou nous cacher.


J'ai l'audace de jouer Timon non la prétention.


Devant vous je me prête à ce jeu.
De la parole aux actes, il n'y a qu'un pas.
Aidé par mes camarades, nous tenterons de le franchir.

Christophe Maltot

07 octobre 2012

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