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This is the end

+ d'infos sur le texte de Cristian Soto
mise en scène David Bobée

: Note d’intention

Le Centre National des Arts du Cirque est sans doute l’une des plus grandes écoles de cirque du monde. Il a largement contribué à l’invention du cirque contemporain que l’on peut voir un peu partout aujourd’hui. C’est dans l’optique d’affirmer ce cirque de création que cette école m’a demandé de mettre en scène le spectacle de sortie d’étude des élèves de la 23e promotion.


D’un côté, il s’agit de réaliser un spectacle d’école devant accompagner des élèves en fin de formation vers la professionnalisation et répondant à un cahier des charges très précis. D’un autre côté, il convient également de composer un spectacle d’ampleur aux enjeux multiples tant par la qualité artistique des interprètes, que la tournée internationale qui suit la création et la grande visibilité publique et médiatique de cet événement.


Le cahier des charges qui accompagne cette création est celui‐ci : réaliser une création sur une piste circulaire, sous chapiteau, pour les 12 acrobates‐élèves‐interprètes et de mettre en scène chacune des disciplines de ce groupe (mat chinois, bascule, monocycle, portés et voltiges, corde lisse, tissu, fil, jonglage, sangles).


Mon envie est d’embrasser ces contraintes et d’en faire les objectifs créatifs de ce spectacle. Une création sur piste, soit : intéressons‐nous au cercle et à ce qu’il propose en termes d’espace, de mouvement et de rapport au temps. Mon envie est de créer un plateau circulaire effectuant une rotation sur lui‐même, une tournette, machinerie de plateau de théâtre. Ce plateau tournant permettra d’offrir aux spectateurs de l’arène à 360°, un point de vue identique sur une scénographie mouvante. Sur cet espace rotatif, je souhaite installer tout l’intérieur d’un appartement en "open space", ni mur, ni cloison, mais des meubles formant les pièces et offrant leur fonctionnalité au jeu d’acteur. Une grande et circulaire : chambre, salle de bains, salle à manger, cuisine, bureau, salon.


L’autre obligation concerne les élèves‐acrobates eux‐mêmes. Il s’agit de les montrer au travers de leur discipline. Alors voilà, le sujet ce sera eux. Simplement eux. Qui sont ils ? De jeunes gens, venus du monde entier pour réaliser leurs rêves, donc des personnes mobiles, en mouvement qui par leur liberté, leur couleur, leur culture, leur langue, leur jeunesse, leurs envies, leurs opinions, modes de vie, illusions, désillusions, nous parlent du monde d’aujourd’hui, de la vie d’aujourd’hui. Un monde en mouvement, fragmentaire, foisonnant.


Ce serait beau que ça parle un peu de cette liberté là, de cette époque modelée par des décennies de globalisation, d’altermondialisation, de communication omniprésente et de relations humaines via Facebook, Skype, ... De cette façon de penser, de parler, d’agir au XXIe siècle.


Les acrobates seront donc les sujets et les interprètes de ce spectacle. Ils pourraient s’appeler sur scène par leur prénom : Akko, Viivi, Kaspar, Thomas, Rafael… Et ils pourraient parler dans leur propre langue, on pourrait alors jouer avec le sur‐titrage à 360° pour pouvoir d’un coup d’oeil comprendre l’islandais, le portugais, l’arabe, et même le langage des sourds puisqu’un des élèves (cambodgien/khmer) est sourd et muet.


Dans cet espace circulaire, dans cet espace de vie commune, de vie tournante, j’imagine assez bien un montage de fragments de vie, des petites scènes qui, par l’accumulation, finissent par dresser un panorama sous forme de puzzle dont les pièces ne s’accorderaient pas forcément, mais dont on pourrait tout de même deviner le dessin global.


Un montage qui alternerait des improvisations écrites, des scènes textuelles, monologues, dialogues… et des moments de danse, ou d’acrobaties pures. Un appartement où chacun se croise, vacant à ses occupations (faire à manger, prendre un bain, squatter un canapé…) et d’où pourrait s’échapper des prises de paroles, des moments de cirque, de poésie.


Ces acrobates sont très jeunes, étrangers et non comédiens, donc même si je crois fort en leur potentiel, et que je vais réellement m’investir dans la justesse de leur interprétation, il y aura une difficulté de parole et de langue que nous devrons envisager dès l’écriture.


C’est pourquoi, je souhaite faire appel à un auteur qui sera présent durant tout le processus de travail afin d’écrire pour ces acrobates là, ces personnes là, au plus près de leur langage, de leurs propositions et improvisations. Il s’agit d’inventer du "sur mesure" : coudre l’écriture circassienne au geste d’auteur.


Je veux avant tout éviter l’enchaînement de numéros, type cabaret traditionnel, mais bien intégrer le cirque à une dramaturgie fragmentaire qui ressemblerait à l’époque contemporaine.


Cette dramaturgie pourrait, elle aussi, se modeler à la contrainte du circulaire : un événement pourrait se reproduire plusieurs fois et l’on pourrait le revoir de différents points de vue. Un peu comme la scénographie tournante, une dramaturgie cyclique, qui se déploierait en spirale, en boucle, variation et autre saut périlleux, une dramaturgie ellemême en pleine acrobatie. Un tel espace tournant, un espace de révolution peut aussi permettre de revenir en arrière et de commencer, par exemple, par une fin pour mieux rembobiner lentement vers un point d’origine, un spectacle à l’envers, avec des acrobates et leur étonnante capacité à se retourner, à revenir sur leurs pas, à remonter le fil, avec ce décor capable de revenir en arrière. Un spectacle qui jouerait avec le temps comme un monteur sur un banc de montage de cinéma qui passe et repasse les bandes d’avant en arrière.


Montrer des fragments de vie et beaucoup de beauté brute, en vrac, en bordel. Le portrait d’une jeunesse d’aujourd’hui belle et bordélique. Engagée et paumée.…

David Bobee

avril 2011

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