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L'Homme-Confiance

+ d'infos sur l'adaptation de Vivien Guarino ,
mise en scène Florence Beillacou

: Notes sur la pièce

L’Homme-­Confiance est construit sur un schéma simple de mise en série d’une situation type. Cependant, derrière cette apparente répétition se dessine un drame d’une remarquable complexité. Tous les dialogues reprennent les thèmes de la confiance, de l’imposture et de l’argent, mais chacun développe des variations, qui sont l’expression de la diversité du genre humain que l’on retrouve à bord du « Fidèle », véritable carrefour de l’humanité. L’Homme-­Confiance est en effet une comédie de caractères qui prend plaisir à croquer les travers humains, à saisir des types et des comportements qui, placés sous la loupe de la fiction, produisent des effets savoureux. La pièce se présente également comme une satire sociale, critique grinçante de nos sociétés fondées sur les activités marchandes et capitalistes. Elle démasque l’hypocrisie de la bonne conscience bourgeoise et de son éternel acolyte, la compassion moralisante et religieuse, cette « charité » qui n’a plus rien d’une Vertu cardinale.


Par ailleurs, la comédie prend les dimensions d’une véritable farce métaphysique. Chaque figure du supposé escroc tente, d’une façon ou d’une autre, de gagner la confiance de ses interlocuteurs. Mais comment accorder sa confiance à un étranger ? Les apparences laissent-­elles entrevoir la vérité d’un individu ou cachent-­elles au contraire cette vérité ? Dans le doute, faut-­il accepter le risque d’être trompé, ou bien refuser tout commerce avec autrui sans une garantie solide ? L’être d’un individu ne serait-­il pas, en fin de compte, uniquement fait d’apparences ? Face à certains passagers particulièrement méfiants, la discussion se transforme parfois en parodie de dialogue philosophique à la Socrate, rejouant l’antique contradiction entre l’être et le paraître. Les hommes méfiants forment autant de caricatures de philosophes classiques, et l’Homme-­Confiance, dans ses avatars successifs, est un super-­sophiste de carnaval.

L’Homme-­Confiance apparaît ainsi comme la version comique de Moby-­Dick : dans ce roman de Melville publié en 1851, le bateau « Le Péquod » est également un symbole de l’humanité, représentée cette fois-­ci par une troupe de marins lancés sur les vastes océans, chassant la baleine, et bientôt ralliés au délire vengeur du terrible capitaine Achab. Poursuivant le diabolique cachalot blanc sous les ordres de leur chef inflexible, les hommes du « Péquod » incarnent le destin tragique de l’humanité. Dans The Confidence-­Man, le bateau de pêche hérissé de harpons devient un paisible bateau à vapeur. L’équipage d’hommes endurcis fait place à de tranquilles passagers. Tout au long du roman, aucune silhouette de capitaine n’apparaît, et chacun déambule à sa guise sans autres soucis que ses intérêts personnels. La face burinée et le regard acéré du capitaine Achab sont éclipsés par le grand sourire et la jovialité de l’Homme-­confiance.


Qu’est-­ce que « Le Fidèle » ? Une nef des fous aux allures de bateau ivre.

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