: Note sur la scénographie
par Stéphane Braunschweig, avril 2oo8
La scénographie représente la maison d’Orgon.
L’atmosphère est à la fois moderne et monastique. Quelques éléments high-tech dans
un espace qui évoque un couvent ou une prison. Dès le début, on doit sentir une
atmosphère de frustration, et par conséquent de désirs secrets ou clandestins.
Le sol est un plancher trapézoïdal, en perspective selon les lignes de fuite des murs
latéraux ; son aspect est « pauvre », comme un plancher qu’on pourrait trouver dans une
église ou un couvent : planches de bois gris clair, aucun cirage.
Les murs, blancs, plâtreux, s’élèvent à 5 m, et tout l’espace est recouvert d’un plafond
blanc.
Dans la partie haute, une rangée de petites fenêtres avec des grilles permet à la lumière
extérieure de rentrer dans la pièce. En revanche, personne ne peut regarder par les
fenêtres, donc le monde extérieur est en quelque sorte condamné, tandis que le « ciel »
pèse sur tous.
Dans la partie basse des murs, deux ouvertures dans les murs latéraux laissent deviner
un couloir qui longe le mur du fond. Dans celui-ci, deux petites portes en bois comme des
portes de cellule sont situées dans la partie Jardin, donnant accès aux chambres de
Marianne et Damis. De l’autre côté, une porte identique ouvre sur la chambre de Dorine.
Dans le mur latéral Cour, une double porte donne accès à la chambre de Tartuffe. Dans
le mur latéral Jardin, une porte à un seul battant et qu’on devine blindée donne sur
l’extérieur.
Sur la partie Cour du mur du fond, accroché comme un tableau, un écran plasma. Seul
meuble au début de l’acte 1, un fauteuil en cuir très confortable et pouvant tourner sur lui même
est placé en face du téléviseur (donc de dos pour nous). A l’acte 3, le fauteuil en cuir
disparaît et laisse la place contre le mur de Cour à une table recouverte d’une nappe
blanche surmontée d’une croix (une sorte d’autel) et à deux chaises d’église.
Avant la première rencontre de Tartuffe et Elmire, les murs se mettent à monter
d’environ 2 mètres, de sorte qu’on a un peu l’impression d’être descendu à la cave ou dans
une crypte. Les murs sont d’ailleurs plus sales et abîmés dans leur partie basse. Seul accès
dans l’espace à présent, un petit escalier débouchant par une ouverture dans la paroi du
fond, légèrement décalé à Cour. Toutes les autres portes et couloirs donnent maintenant
sur le vide, et les fenêtres sont encore plus éloignées du sol.
Pendant la fameuse scène de la table, cauchemar d’Orgon, les murs s’élèvent encore de
2 mètres, l’espace devenant de plus en plus onirique : cette fois plus aucun accès vers
l’extérieur, de sorte qu’au dernier acte toute la famille a l’air prise au piège entre ces 3 murs
très sales et aveugles. On est comme au fond d’un puits, ou de l’enfer.
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