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Le Tartuffe

+ d'infos sur le texte de  Molière
mise en scène Pierre Desmaret

: Présentation

Version 1664 en 3 actes
Reconstruite par Georges Forestier et Isabelle Grellet

Une fois dégrafé le costume de la renommée scénique de l’oeuvre, on ne peut qu’être stupéfait de son intacte brutalité, qui concerne tous les personnages et pas seulement le rôle-titre, une brutalité qui installe le Tartuffe dans notre présent : le télescopage de l’actualité récente (Manif pour tous, attentats de janvier 2015) et d’un tel chef d’oeuvre permet de déverrouiller l’événement ponctuel et de le replacer dans un récit commun, pouvant être raconté, lui, en ne travaillant pas tant sur la plaie que sur les causes de la blessure : l’envie, la frustration, qui restent le moteur fondamental de toutes ces violences, une mécanique humaine dont Molière a conçu la matrice indépassable.


Présenter cette oeuvre cette année, n’est ni fortuit ni anodin: le Tartuffe pénétrant la Famille d’Orgon, réfracte une réalité contemporaine absolument évidente, à savoir la résurgence de valeurs et morales confessionnelles au coeur du débat public dans une société laïque, plus ou moins « libérée » et par ailleurs largement consumériste. L’épisode de « la manif pour tous » renseigne le retour à un ordre moral, et les attentats de janvier signent l’évolution de l’intégrisme vers un terrorisme meurtrier, ciblant la liberté d’expression satirique, rappel sanglant qu’il n’y a pas de petit débat sur un tel sujet.


Pour autant, il n’est pas question ici de rejouer la querelle moralisante des faux ou vrais dévots, l’hypocrisie (1664) ou l’imposture (1669) restant le moteur théâtral de situations qui pourront apparaître comiques, grotesques ou dramatiques selon la vision du metteur en scène. On ne trouvera pas dans notre projet, de commentaire sur la religion, ses représentants et encore moins d’une religion par rapport à une autre. Le Tartuffe ne révèle pas la superstition dans la religion ; il interroge aujourd’hui comme hier, là où le curseur est ou pourrait être placé dans l’organisation collective. Il invite aussi, au travers de la crédulité d’Orgon, à relativiser, par le rire, l’esprit de chapelle, qui cette fois concerne toutes les formes excessives de l’engagement, là encore très modernes, dont la dérive sectaire.


Enfin, la grande modernité du Tartuffe « 1664 », c’est de mettre en valeur un personnage féminin Elmire et son « combat » face à Tartuffe et la pression sexuelle, comme face à son propre mari et l’ordre social. Si nous n’en sommes pas encore à l’égalité Hommes-Femmes, Elmire s’exprimant sur la « discrétion » qu’une épouse doit à son mari, elle reste un personnage souverain de cette oeuvre, révélant par le théâtre, une vérité que les yeux d’Orgon ne peuvent envisager.


Si avec Jouvet et de façon très visionnaire, le théâtre est le lieu du désordre et du chaos obligé, c’est pour mieux indiquer qu’il reste quelque chose à reconstruire dans la réalité…

Pierre Desmaret

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