J’ai découvert ce texte suite à une réflexion sur la peinture et le théâtre contemporain en étudiant avec Gérard Lieber (professeur à l’Université Paul Valéry de Montpellier).

Cette pièce, parabole tragique sous-tendue d’un humour percutant, nous questionne sur l’art et le rôle de l’artiste dans notre société, sur sa position citoyenne et humaine.
Galactia : « … c’est le travail d’un artiste d’être brutal. »
« L’acte de peindre est un acte d’arrogance ».
« Je peindrai ta souffrance »
« Je peindrai ta colère. Je peindrai ta douleur. »

D’autres thèmes essentiels y sont abordés : la femme, la mort et l’assassinat, la guerre, le pouvoir politique, la chair charnelle et sanglante, l’amour.
La peinture omniprésente dans la pièce est le liant de celle-ci. Dans un flot de peinture et de sang « Il me faut inventer un nouveau rouge pour tout ce sang », Galactia, nous brosse la bataille de Lépante dans toute son horreur, une guerre navale entre l’Occident et l’Orient, où la croix a vaincu le croissant, dans un immense carnage.

Galactia incarne la femme, l’artiste, la révolte, l’amour charnel et passionné, la transgression.
« L’art est opinion et l’art est source de toute vérité ». La peinture, la chair et le sang sont extrêmement mêlés et donnent un caractère cru et vrai au langage de l’artiste.

L’écriture de cette pièce est un travail d’orfèvre. Tout paraît indispensable dans ce texte, comme s’il avait été coupé, ramassé, travaillé et remodelé, pour donner l’essentiel. Les paroles des personnages sont simples, le sens profond. Les scènes se posent comme une construction. Tout s’échafaude avec clarté, alors que tout est noir.
L’humour traverse la pièce pour dégonfler la tension dramatique forte et lui redonner toute sa puissance.

Tableau d’une exécution, peinture de la bataille de Lépante, un carnage que certains ont vécu, et que d’autres imaginent. Galactia peint ce massacre avec tellement de réalisme qu’il en devient vérité éclatante, tableau saignant et criant l’horreur de la guerre : « Le cri du sang »

Elisabeth Gavalda