: Note d'intention
« Un groupe, pas une troupe. Un « Ensemble » en quelque sorte… ».
Cette idée de « l’Ensemble », que Didier‐Georges Gabily nous a léguée, « somme d’intérêts tant communs que contradictoires », a perduré. La Nuit surprise par le Jour est une branche de cet arbre, et ses aventures ont créé d’autres ramifications. L’histoire de notre compagnie est profondément liée à l’oeuvre de Didier, artistique et humaine.
J’ai été moi‐même non seulement acteur de Didier mais aussi longtemps son assistant, ce
qui m’a permis de comprendre et de maîtriser sa langue. Cette langue – qu’on dit souvent
difficile à la lecture – m’est toujours apparue dans la pratique à la fois très concrète et
ludique. J’en ai fait l’expérience avec Violences‐reconstitution en 2003 qui je crois, sans rien perdre de la radicalité poétique du texte, lui a restitué toute sa dimension spectaculaire, sa lisibilité et son caractère vivant.
Les acteurs de ce projet (Alexandra Scicluna, Christian Esnay, Cyril Bothorel, Eric Louis, Pascal
Collin, moi‐même, d’autres…), eux aussi nourris par le travail de Didier, ont aujourd’hui l’âge
des personnages et sont confrontés à des problématiques semblables.
Ces personnages s’interrogent en effet sur le « comment faire » – qui implique tous les
moyens de la création, de l’écriture au jeu en passant par l’argent – et sur ce qui les motive
encore. Il en est de même pour Gabily qui, à travers cette commande d’une adaptation du
Mépris de Jean‐Luc Godard, cherche une nouvelle fois à retrouver comment, sur le plateau
(alors que rien ne semble se passer dans la fiction), la parole et le théâtre peuvent renaître.
Cela fait quelques années, et plusieurs projets, depuis justement un atelier à l’Ecole du TNS
sur TDM3, que j’utilise la vidéo sur le plateau. Cet outil spectaculaire, manié par les acteurs
en direct, sans quatrième mur, me permet de pointer radicalement l’enjeu de la
représentation elle‐même – comme Didier‐Georges Gabily le fait dans le texte grâce au
cadre fictionnel du cinéma.
Il me paraît nécessaire aujourd’hui de montrer tout ce qu’une langue comme celle de Didier
peut faire entendre sur nos représentations, sur leur mise en critique, drôle et féroce, et
donc sur la nécessité du théâtre, face au public, comme « remuement avec le rire et avec les
larmes et, surtout, avec l’intelligence » (D.‐G. Gabily, Cadavres si on veut 1994).
Yann-Joël Collin
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