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TAC

+ d'infos sur le texte de Philippe Minyana
mise en scène Laurent Brethome

: Notes dramaturgiques

« L’acteur n’est pas au centre, il est le seul endroit où ça se passe et c’est tout ».


Molière l’affirme : les pièces sont faites pour être jouées plutôt qu’être lues. Il faut avoir l’oeil du vigneron pour déceler dans un raisin quel vin il produira. Même sensation à propos de Philippe MINYANA. Homme de théâtre : acteur, metteur en scène et pédagogue, l’auteur MINYANA sait ce que sous l’écriture, une tribu de Théâtre saura déceler l’indicible, comique et/ou tragique et le révéler. Il livre de puissantes partitions à jouer.
Héros ou petites gens, même relation : « Epopées intimes », titre des entretiens avec H. PONS. HOMÈRE conte les tribulations d’Ulysse, MINYANA relate les souffrances de Tac…
Les Grecs s’appuyaient sur « les Grands Récits ». Partant du fait divers, ratissé dans « Détective », glané dans la PQR, il s’enracine dans le quotidien des petites gens. En fraternelle attention à la « souffrance » humaine. TAC, à l’intimité exposée, volé de ses « pièces », articles, revues, tickets, meubles vendus aux enchères a à voir avec JOB…
Travail très élaboré de la Langue. Sa forme est extrêmement sonore, sous l’apparence d’un parler courant. Sur ses jeux phoniques et rythmiques. La parole devient « visible ». Quelle trouvaille que ces « Habitants parlants » ! Un tragique du Quotidien naît. Une « Poétique du banal » selon l’heureuse expression de Marie-­Pia BUREAU. S’épanouit également tout un dispositif « citationnel » (discours direct, indirect, narrativisé) que Philippe MINYANA indique d’emblée en citant ses sources (SOPHOCLE, CIORAN, BERNHARDT, WALSER) et en même temps, et c’est là sa force de « poète », il reconstruit, redonne sens et émotion à ces parlures de la rue ou du village.


Entête : À cause d’une fuite on doit pénétrer dans l’appartement que loue TAC. On y découvre un bric-­à-­brac qui commence par s’écrouler sur les impétrants. Le propriétaire inquiet des déformations que le poids provoque sur les planchers décide de tout vider.


Pour TAC, la vision de sa vie privée jetée et vendue à l’encan sur le trottoir ranime en lui la vision du corps d’une maîtresse qui s’est défenestrée…

TAC à la fois comme archétype dans une société ; inclus ET exclu ; sociologiquement reconnaissable. Sdf chassé par son propriétaire mais pas sans moyen. Collectionneur compulsif… Centré sur le passé. Gardien de la MÉMOIRE. Terrassé par la maladie d’Alzheimer…
Tous les personnages qui entourent TAC apparaissant brièvement, (évocation de l’éclair, de la fulgurance des étoiles d’un feu d’artifice), comme des êtres convoqués par TAC pour reconstituer sa « mémoire », petits spectres, chimères qui donnent densité à la pensée et à la parole de TAC. Toutes ces chimères s’expriment « choralement ».
Après la logorrhée des premières pièces (INVENTAIRE, LES GUERRIERS) Philippe MINYANA demeure toujours attaché à un Théâtre de l’aveu mais dégraissé, gratté jusqu’à l’os.

Daniel Hanivel

septembre 2011

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