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TAC

+ d'infos sur le texte de Philippe Minyana
mise en scène Laurent Brethome

: Mot du metteur en scène

Et le public entre…
Une femme est assise sur une chaise en avant-­‐scène et le regarde. Elle lui sourit. Derrière elle, des marches qui montent vers une grande fenêtre qui donne à voir un horizon sans perspective ; cadre en bois, carreaux sans tache, lumière douce et apaisante…
Et le public est entré. Et les portes de la salle se ferment. Silence.
Soudain la femme se lève, fait tomber sa chaise, gravit les marches avec frénésie et se jette les bras en croix par la fenêtre. Son corps n’est plus visible. Il est retombé lourdement derrière les marches. Elle s’est défenestrée sous nos yeux.
Immédiatement apparaît sur le plateau quelqu’un qui pourrait être Mike Brant… Il entonne un refrain lancinant qui reviendra souvent dans nos oreilles…
Alors peut commencer notre intrigue policière du quotidien... Notre opéra monstrueux.


Pourquoi cette femme s’est-­‐elle défenestrée ? Où sommes-­‐nous ? Qui est Tac ?

Le reste est à écrire en répétitions puis avec le public…


Ce qui m’a immédiatement excité avec cette pièce, c’est d’abord cette histoire totalement bouleversante d’un homme que l’on prive de sa vie et de son passé.
La figure de Tac est pour moi celle d’un Job de notre temps, d’un sacrifié à qui l’on aurait enlevé la possibilité de comprendre pourquoi le malheur s’abat sur lui.
Toujours désireux d’interroger des écritures et des formes nouvelles, je décide de passer au plateau et demande à l’auteur (Ah la joie, pour moi nouvelle, de pouvoir travailler main dans la main avec l’auteur à mes côtés !) de retravailler l’oeuvre, de l’épurer et de réinterroger certains passages qui me paraissent obscures.
À la lecture il est évident que cette pièce peut paraître difficile, fragmentée ou didactique… On perçoit pourtant très vite à quel point elle peut être drôle et toucher à l’humanité de chacun… Cette pièce est un objet théâtral non identifié qui ne ressemble en rien à ce que j’ai pu lire depuis des années.
Il s’agit bien de s’attaquer à une oeuvre rare… Ce « Tac » est pour moi un vrai défi de mise en scène et questionne mon rapport frontal à la représentation d’un monde de conscience et d’inconscience… David Lynch n’est pas loin… Et pourtant aussi près qu’Étienne Chatiliez…
Je me lance donc en apnée dans la douce musique de la parole quotidienne et je décide de convoquer avec mon équipe les voix de celles et ceux qui ont composé mon passé.
Et de manière très personnelle je pense à mes grands-­‐parents au moment d’attaquer le travail… Je pense à cette nuit d’août 1942 où, quittant le port bombardé de La Rochelle, ils enfourchaient deux vélos et se dirigeaient vers La Tranche-­‐sur-­‐Mer pour échapper à la folie de la guerre… Ils n’avaient plus rien que ce qu’il y avait sur leur porte-­‐bagage… Un enfant, quelques papiers et des vêtements… Eux ont fait un choix … Tac, lui, ne l’a pas eu.


Je veux mettre en scène ce que j’ai perdu. Je veux mettre en scène ce que nous pourrions tous perdre.

Laurent Brethome

septembre 2011

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