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T.I.N.A., une brève histoire de la crise

+ d'infos sur le texte de Simon Grangeat
mise en scène Sébastien Valignat

: Note d’intention

En 2008, je me suis demandé comment quelques ménages américains aux revenus modestes avaient pu, en achetant des maisons qu’ils n’avaient pas les moyens de se payer, déstabiliser l’économie mondiale.
Je me suis dit : c’est la crise du rêve américain.
J’ai entendu les économistes s’inquiéter ; tous les jours, à la radio, on me parlait des Dow-Jones qui tombent et des CAC qui chutent et des NASDAC qui « krach ».
Je ne comprenais pas à quoi correspondaient ces chiffres mais on me disait que c’était grave et j’y croyais. Et j’avais raison d’y croire parce que c’était grave. Et maintenant je me dis que j’aurais même dû y croire un peu plus, parce que c’était plus grave que ce que je croyais.
On m’a dit c’est la crise. On m’a dit c’est la crise et c’est pour longtemps. On m’a dit c’est la crise la plus grave depuis 29. On m’a dit que 29, ça avait mené à Hitler, et qu’il fallait faire très attention.
Et j’ai vu les décideurs politiques de tous les pays bredouiller, se contredire, changer d’avis. Et j’ai entendu « C’est le retour de Keynes » et « Marx n’est pas mort » Et j’ai vu un président noir à la maison blanche parce que l’autre candidat était nul en économie. Et j’ai entendu notre président nous dire que la solution pour sortir de la crise, c’était de revenir à la morale. Et je me suis dit que si c’était la morale qui pouvait nous sortir de là, on était mal barré…
Et puis j’ai vu tous les hommes politiques du monde voler au secours des banques. J’ai entendu parler de milliards d’euros qui allaient renflouer le système bancaire, et je me suis demandé d’où venait cet argent puisqu’on ne cessait de me répéter que les caisses étaient vides...
Et puis, bien plus tard, j’ai vu les citoyens grecs renoncer à tous leurs acquis sociaux. Et je les ai vu dans la rue. Et j’ai entendu : « Ces gens sont des PIGS, on ne peut pas leur faire confiance. Ils ont chanté tout l’été, ils vont danser maintenant. » Et j’ai vu des athéniens hisser une banderole sur l’acropole : « Peuple d’Europe, soulevez vous. »
Alors j’ai appelé quelques amis qui, eux aussi, avaient sans doute vu les mêmes choses que moi. Et j’ai commencé à lire...

Sébastien Valignat

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