: Note d’intention
Suzanne est née en Corse, elle passe une partie de sa jeunesse en Afrique, puis devient professeur de droit public, professeur émérite en sciences politiques et présidente d’université. Le hasard des rencontres fait qu’elle devient aussi directrice de l’enseignement supérieur au Ministère de l’Education Nationale. Juriste, elle s’intéresse à l’évolution des rapports entre la société et l’Etat à travers des aspects du droit, tenus pour marginal comme le droit de la santé, le droit des femmes, le droit des institutions universitaires.
Au cours de sa carrière politique, elle met en oeuvre une convention interministérielle sur l’égalité entre les hommes et les femmes de manière à faire systématiquement la promotion des femmes dans la fonction publique. Elle écrit de nombreux ouvrages et articles. Chercheuse, elle explore et confronte, le droit, la philosophie et les sciences humaines. Suzanne fait de la parité un des objectifs essentiels de son travail de juriste. Elle nous raconte l’évolution de ses choix, de ses convictions, de sa vie militante.
Une multitude de personnages féminins ne sont pas encore représentés sur la scène du théâtre,
alors que nous croisons chaque jour, dans toutes les fonctions et à tous les âges, un grand nombre
de représentantes du « deuxième sexe… ».
L´écriture cinématographique et télévisuelle s´inspire davantage de personnages de femmes
existant dans la vie civile et politique, tandis que l´écriture dramatique contemporaine reproduit les
archétypes féminins présentés par le théâtre classique : la mère, l´épouse, la séductrice,
l´adolescente enfantine, la servante....
Les femmes ne sont présentes sur la scène que lorsqu´elles appartiennent à la sphère de la
séduction ou de la famille, et passé le temps de cette séduction traditionnelle, elles deviennent
«irreprésentables» hormis comme figurantes. Seules les figures d´exceptions traversent tous les
clivages : les reines, les amazones... et elles doivent leur représentation au fait qu’elles soient
exceptionnelles : les représentantes d´un pouvoir monstrueux ou tyrannique.
Ce qui m´intéresse, c´est d´ouvrir la représentation scénique à différents types de femmes actives
où la séduction, leurs rapports aux hommes, leur monstruosité ou leur tyrannie ne soient pas la seule
raison de leur existence.
Tout en gardant intact mon intérêt pour les textes classiques et contemporains, je découvre dans la
parole des gens, une richesse et une urgence qui expriment mon désir de parler d’aujourd’hui au
théâtre. Je cherche à confronter l’écriture dramatique avec l’oralité, pour fonder un « théâtre
documentaire » où l’écriture scénique émerge de la parole vivante.
Mettre en scène et dire ces paroles pour qu’elles existent au théâtre, c’est développer la
constitution d’un patrimoine artistique oral qui rende compte de la parole de nos contemporains de
la façon la plus exacte. Il s’agit d’écrire une langue théâtrale puisée dans la réalité, de faire un
théâtre où l’innovation formelle et technique soit secondaire, au profit d’une représentation des gens
d’aujourd’hui, un théâtre comme représentation de la langue parlée, ce langage qui révèle tout de la
personne qui s’exprime, une représentation qui ne propose pas une fiction, mais une vision du réel,
c’est proposer une médiation « vivante » de la parole « dite », un partage de cette parole, incarnée
par l’acteur, pour des spectateurs réunis, chaque soir, dans une communauté renouvelée.
Suzanne est un spectacle qui s’inscrit dans le cycle entamé avec Quartiers et Ils habitent la Goutte
d’Or. C’est le portrait d’une femme remarquable dont les choix de vie et les décisions posent
aujourd’hui des questions essentielles débattues par la société française.
Laurence Février
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.