Blonba et le Théâtre de Choisy-le-Roi se rencontrent autour du kotèba

Le théâtre de Choisy-le-Roi ville populaire de la banlieue parisienne, a accueilli deux précédents spectacles de BlonBa inspirés du kotèba : Le retour de Bougouniéré et Bougouniéré invite à dîner.

Suite à cette expérience, l’équipe choisyenne propose à BlonBa de monter une pièce de kotéba qui s’inspirerait de la vie des Choisyens et plus généralement des habitants des banlieues.

« Sud/Nord, le kotèba des quartiers » s’inscrit dans le cadre de « Tous les Choisyens du monde », une initiative par laquelle le théâtre de Choisy propose à des équipes artistiques de créer un spectacle à partir de réalités choisyennes.

Didier Mouturat, comédien et directeur du théâtre de Choisy, joue lui-même le personnage de « Directeur ». Il est censé dialoguer avec l’équipe malienne par liaison internet. Ses répliques, préalablement filmées, sont projetées sur écran.

Une fable sur la difficile communication entre le Sud et le Nord de la planète

Les animateurs de BlonBa acceptent le principe proposé par les Choisyens, mais y ajoutent leur grain de sel. Ils proposent la fiction suivante : le directeur d’un théâtre de banlieue fait une demande de « kotèba des quartiers » à des artistes maliens, mais ceux-ci n’obtiennent pas de visa pour aller observer la vie des habitants. C’est donc depuis Bamako et à partir d’éléments filmés qu’ils devront construire leur spectacle.

Le sens de la pièce commandée à BlonBa change alors de sens : non plus un kotèba sur la vie choisyenne, mais une satire de la demande faite par le théâtre, un kotèba des malentendus qu’elle entraîne.

Le spectacle met en scène deux parties de la planète désormais reliées par la télévision, le téléphone, internet, la langue française. Mais en même temps, la communication est profondément tordue par les déséquilibres symboliques et matériels Sud/Nord.

Entre le directeur, ami du « métissage culturel », et les Maliens, comédiens de circonstance, qui cherchent surtout un prétexte pour franchir la frontière interdite, toute parole est biaisée. Il faudra que le malentendu aille jusqu’à l’extrême pour qu’enfin une parole de vérité puisse s’établir entre les uns et les autres.

Dans l’équipe hétéroclite de comédiens et d’aspirants émigrés se glisse l’inquiétant Baniengo, personnage de fiction primitivement imaginé par Alioune Ifra Ndiaye et BlonBa pour la télévision nationale malienne. Dans la pièce, Baniengo joue une forme perverse et destructrice de soumission au déséquilibre entre le Sud et le Nord. On peut le retrouver dans un court métrage accessible sur le site de BlonBa :

www.blonbaculture.com/activites/television/television.htm

Une scénographie adaptée

Dispositif bifrontal où les spectateurs sont placés près des acteurs. Le texte, la mise en scène, le jeu des acteurs tentent de faire vivre pour aujourd’hui l’art populaire et facétieux du kotèba.

L’utilisation de la vidéo

La vidéo est très présente dans le spectacle. C’est grâce à elle que « Directeur » peut communiquer depuis sa banlieue française avec les personnages bloqués à Bamako. C’est elle aussi qui permet à ceux-ci de prendre connaissance des préoccupations des habitants des « quartiers » : des jeunes, des immigrés, un ancien combattant, qui ont été interviewés et filmés au préalable. Ces personnes réelles apparaissent de façon elliptique dans le spectacle lui-même. Mais les spectateurs pourront retrouver des enregistrements plus complets sur les sites internet de BlonBa et du théâtre de Choisy-le-Roi. Le spectacle n’est qu’un côté du mur, qu’un côté de la vérité. Rentré chez lui, le spectateur n’a pas terminé son travail.

En même temps que se monte « Sud/Nord, le kotèba des quartiers », un documentaire sur l’histoire du kotèba contemporain est en cours de réalisation. Le making of du spectacle en sera le fil rouge. Sortie prévue au printemps 2008. Co-production BlonBa – Acrobates films. Réalisation Christian Lajoumard.

En prise directe avec l’actualité

« Je ne comprends pas pourquoi, avant même d’être né, mon enfant n’aura pas le droit de bouger sur sa planète » dit le personnage d’Hortense, jeune fille enceinte qui cherche à venir accoucher en France. Derrière cette question toute simple, c’est la déchirure Sud-Nord qui s’exprime… Visas inaccessibles, illusions des uns sur les autres, grandes espérances et minables magouilles donnent à voir, sans manichéisme, les effets des déséquilibres planétaires sur la vie des individus.