Lors de nos premiers essais de travail avec Pascal, nous avons exploré plusieurs pistes autour, notamment, de Eye of the Tiger, morceau du groupe Survivor, devenu célèbre et culte grâce au film Rocky 3. Tout d’abord, nous avons pris les neuf premières secondes du morceau : un frottement riff rythmique de guitare si familier et connu de tous qu’il appelle, dès qu’on l’entend, à la suite du morceau en entier. Ici, la suite du morceau ne viendra jamais. Ensuite, nous avons mis en boucle ce battement qui, à force d’être répété et distordu, finira par se faire oublier et perdra sa nature et son référent de départ, donnant ainsi une nouvelle nature à l’ambiance sonore qui deviendra par instant l’accompagnant sourd, tendu, profond du texte dit par Clotilde. C’est le cœur de Lise qui bat jusqu’à arrêt complet.

Pour l’instant, une création sonore en live nous paraît primordiale car elle nourrit l’idée du compte à rebours et du sursis comme ciment de la dramaturgie du spectacle. Partenaire de jeu sur des interventions impromptues, Pascal improviserait aussi une bande son qui se réinventerait à chaque représentation, qui se calerait ou se décalerait sur l’énergie et les temps de Clotilde. Comme la musique d’un film, elle raconterait aussi ce que Clotilde ne dirait pas.

Clotilde Hesme et Pascal Sangla entretiennent une affinité de travail depuis leurs années d’études au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Ils ont en 2005 notamment, joué ensemble dans Desert inn de Michel Deutsch, un spectacle sur Howard Hugues qui fait déjà le pont entre théâtre et cinéma.