‘J’ai des racines. Je viens du pays de l’usine’ : Jean-Marie Piemme est né à Seraing dans le bassin sidérurgique liégeois. Pour sa fille, il se souvient de son enfance, de la naissance à l’université, où son père l’a envoyé. Adapté d’un récit autobiographique, le spectacle relate l’histoire d’un couple – lui à l’usine, elle aux fourneaux – et de leur fils, arraché au wallon et sommé de parler le français, garantie d’une ascension sociale. C’est le temps des aciéries encore vaillantes de la toute puissante société Cockerill. C’est l’histoire d’une appartenance à un prolétariat dont on n’a pas honte mais dont on rêve de s’affranchir. C’est l’époque de l’expo universelle, en 1958 à Bruxelles. Une reproduction de Spoutnik 1, premier satellite artificiel lancé par l’URSS, y symbolisait l’espoir de progrès, de mieux être matériel et social. Avec humour et tendre malice, dans une langue élégante, alerte, l’auteur évoque une intimité familiale inscrite dans une époque, une région, un contexte social bien circonscrits. Pourtant chacun se retrouve dans cette tranche de vie que, dans un bout de cuisine années-60, nous raconte un tout grand comédien secondé par deux subtils complices.