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Splendid's

+ d'infos sur le texte de Jean Genet

: L’oeuvre

l’histoire d’une défaite


Au coeur de la nuit, dans un hôtel de luxe quelque part dans un pays arabe, sept voyous de divers horizons ont pris en otage une riche américaine. Depuis quatre jours, ils sont assiégés par les forces de l’ordre et un policier a réussi la veille à pénétrer dans le palace. Ce que la police et les médias ignorent, c’est qu’à l’intérieur de ce huis clos, l’américaine a été étranglée par un homme de la bande et que le policier infiltré a retourné sa veste et est passé du côté des malfaiteurs. L’otage morte, sans eau ni alcool, à court de munitions : la situation semble sans issue. Pour retarder l’assaut des policiers, il leur faut faire croire à l’extérieur que la jeune fille est toujours vivante. Le chef de gang revêt la robe de bal de l’héritière et défile au balcon de l’immeuble. L’extrême de la situation est propice à toutes les transgressions. La révolte explose, il n’y a plus de limites, ni de hiérarchie. Anarchie, désir débridé, férocité sans garde-fou. Jamais le pouvoir et le désir trempés de sang n’auront été à ce point mêlés et célébrés. On se déguise, se révulse, se retourne comme un gant, comme une paupière. On passe de la mitraillette à l’éventail, du mort au vif, d’un camp à l’autre. Toute la pièce est un tissu de ratages et de conflits internes. Elle résonne comme une entreprise de démolition dans la mythologie de Genet : trop médiocres ou simplement trop humains pour devenir des héros du crime ou de la trahison, jamais les personnages ne sont réellement à la hauteur des figures qu’ils ont travaillées à être.


sur les traces de Jean Genet


Tout commence au Maroc et plus particulièrement à Tanger, celle que Jean Genet appelait « la ville des traîtres ». Nourrie par l’imaginaire des films d’espionnages et de romans d’aventures, la ville est le repère des brigands et de la prostitution. L’hôtel Minzah, le Café de Paris, la librairie des Colonnes, le Café Hafa, sont autant de lieux qui témoignent de la relation de Genet à ce port. C’est sous l’étiquette “travailleur immigré” que sa dépouille mortelle a atterri sur le sol marocain en 1986. Elle repose aujourd’hui à Larache, petite ville abandonnée de la côte atlantique du Maroc, dans un cimetière face à la mer, en haut d’une falaise. Un cimetière bordé d’une prison et d’un ancien bordel. Ainsi, l’enfant abandonné trouve une terre d’accueil et fait don de son corps à la Méditerranée. Comme beaucoup d’autres étrangers du monde entier, nous sommes venus en pèlerinage nous recueillir sur sa modeste tombe. La rencontre de Genet avec le monde arabe – par la Légion, ses amants et ses amis, la cause palestinienne ou encore la défense des travailleurs immigrés en France et ses nombreux séjours au Maroc – a été essentielle aussi bien dans sa vie que dans l'évolution de son oeuvre. Elle lui a permis d'inventer une nouvelle poésie, où l'Occident et l'Orient, l’Arabe et le blanc disparaissent pour se dégager de tout enfermement identitaire. Le monde arabe a joué pour Genet un rôle de passeur, nous nous efforcerons ici d’en être le relais. Pour le centenaire de sa naissance, nous partons donc sur ses traces avec une pièce qu’il avait refusé de publier de son vivant. Acte de provocation à l’image d’un grand agitateur. Le contexte idéal pour donner à l’oeuvre de Genet la possibilité de s’exprimer en langue arabe et lui offrir de nouvelles résonances. Un point de départ au voyage de Splendid’s.

Cristèle Alves Meira

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