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Solo

Israel Galván ( Chorégraphie )


: Présentation

À cru, à nu, à découvert… et seul. Après avoir renouvelé le flamenco du talon à la pointe et mis à ses pieds les plus grandes salles du monde, n’ayant plus rien à prouver à personne, Israel Galván se propose aujourd’hui d’en faire encore plus avec encore moins. Pas d’autre accompagnement que les bruits de la ville, pas d’autres comparses que le public. Et puisqu’un maestro espagnol peut en cacher un autre, c’est à l’ombre de Picasso qu’El Bicho raro se produira cet été. On aurait raison d’attendre quelques fulgurances, tant au danseur s’accorde la célèbre phrase du peintre : “Si l’on sait exactement ce que l’on va faire, à quoi bon le faire ?”


Pour ceux qui ne connaîtraient pas le parcours d’Israel Galván, retraçons-le en quelques mots : né à Séville, enfant de la balle, fils de danseurs, gitan par le côté de sa mère, grandi dans les loges des tablaos et à l’ombre des jupes à pois dans l’école de danse que dirige son père. Devient danseur à son tour, intègre la compagnie de Mario Maya, et puis se met à chercher autre chose, le regard et l’esprit attirés dans mille autres directions que celle d’un prétendu classicisme. “Grâce à un ami plasticien, Pedro G. Romero, j’ai commencé à m’intéresser non plus seulement à la danse mais aux arts en général. Et je filtre ce que je vois de la seule façon que je connaisse, qui est de danser le flamenco. C’est ainsi que je me suis retrouvé sur un terrain qui n’était celui de personne. Les gens du flamenco disaient que ce n’était pas du flamenco, les gens de la danse contemporaine disaient que c’était du flamenco… Ça a duré pendant des années… Un désert… Mais en attendant je gagnais ma vie comme danseur, je donnais des cours, ce n’était pas grave. Je crois aussi que j’avais besoin d’une transition entre le danseur que j’avais été et le danseur que je voulais devenir. Il a fallu quelques années pour que le public s’y habitue et pour que, moi aussi, je m’y habitue.”


Fantaisie
Quand le public s’est habitué, qu’il est séduit puis confiant, puis conquis, Galván poursuit ses inspirations au plus loin de leur fantaisie et jusque dans leurs plus sombres retranchements. On le voit rendre hommage aux maîtres d’un flamenco originel et disparu, donner sa version très personnelle de l’Apocalypse, affronter les boxeurs du quartier des Tres Mil Viviendas sur un ring géant, danser au son du piano préparé de Sylvie Courvoisier… Plus polémique encore, il met en scène à sa façon, dans Lo Real, la persécution des Gitans par les nazis. Que faire de nouveau maintenant ? De plus difficile, de plus surprenant, de plus exaltant ? Eh bien, tout enlever. Disparus décors, plateaux flamboyants, invités et apparitions… C’est une nouvelle forme de pureté que Galván cherche à approcher ici : non pas la pureté corsetée des puristes, mais la vérité de soi-même. Le voici seul, sans musique, avec rien. Enfin rien d’autre que ses propres palpitations, son sens inouï du mouvement, sa maestria, qui consiste à épurer toujours, à savoir quel geste ne pas faire, quelle note ne pas jouer.


Lumière du jour
En Solo, Galván est déjà apparu à la Fabrique d’Artillerie de Séville, au Cloître des Jésuites de Nîmes, ou à New York sous les mobiles de la Fondation Calder. Que fera-t-il cet été, dans le jardin de Picasso ? Nous ne le savons pas, lui non plus sans doute. Ce qui est sûr, c’est qu’il fera autre chose, et tant mieux, puisque le défi consiste à sentir le moment, l’équilibre entre la danse et la lumière du jour, entre l’intime et le collectif, à s’accorder à l’humeur de l’instant pour mieux la déchirer par une inspiration contraire. “Chacun interprète le flamenco à sa manière et peut en faire quelque chose de nouveau. C’est une des grandes forces de cet art. Pour y parvenir, il faut être en accord avec soi-même mais aussi savoir rompre avec les normes en vigueur, parce que, sinon, on n’est jamais libre, et la beauté du flamenco, c’est justement qu’il n’y a ni livre ni partition qui oblige à faire ceci ou cela. Chacun est libre. Il faut être pur face à soi-même et impur face à l’histoire passée.”

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