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Le Soldat ventre-creux

mise en scène Véronique Widock

: Note de mise en scène

Rêve, vision
La pièce commence par un récit, celui d'un soldat qui ne peut rentrer dans sa maison car un autre a déjà pris sa place. Un autre lui-même. Le combat entre les deux s'installe, quand un troisième soldat arrive. Il revient aussi de guerre, s'appelle Sosie, et veut retrouver dans cette même maison, sa femme et son fils.
Retour de guerre d'un soldat qui fouille sa mémoire et le souvenir s'embrouille, devient confus, absurdement tragique. L'héritage de la mémoire ressemble à une histoire piégée. Retour d'un soldat dont personne ne dit se souvenir, ni les voisins, ni le fils, ni même la femme qui hurle que les trois soldats se ressemblent tous, et qu'il est impossible de les reconnaître.
Plaute, Molière, Ruzante… Si les références sont anciennes et la figure de l'antihéros familière, Hanokh Levin joue ici à retirer le principal élément de la pièce d'origine : Sosie sans Amphytrion. En dupliquant la figure des Sosie, Levin nous emmène bien au-delà de la dualité attendue – vainqueurs/vaincus – et remet en jeu la question de l'identité.
S'ingéniant à rendre abstraite l'identité des soldats, travaillant la similitude de leurs discours, il annule toute projection communautariste et ébranle volontairement la possibilité d’une construction identitaire.
Sur le plateau dénudé, la terre dévastée existe au travers du mouvement des trois soldats et de la femme : courses, piétinements, errances, batailles. Les corps jouent, entraînant avec eux les quelques éléments de la narration : une barrière, des bidons, une échelle, des manteaux, des bassines, un chariot. Le blanc vole comme la poudre de balles, la cendre ou la poussière du temps qui vient peu à peu envahir le bleu des éléments scéniques et le rouge des blessures sur les vêtements. C'est dans un étirement entre le corps et l'esprit, l'animal et l'âme, l'acquis et le possible que se tiennent les soldats et la femme, acharnés, à vif et déshabillés par l'essence de ce rêve éveillé. Présences concrètes mais allégoriques, fragiles et denses.
Le dernier regard de Ventre-creux sera pour son fils. L'enfant est celui auquel Sosie commence à raconter son histoire et dont il ne cessera de chercher la reconnaissance. Dans les yeux des trois soldats, la vision se resserre autour de l'essentiel : l'enfant et sa mémoire. Comment résonne en lui la violence, la lâcheté, la mort ? De quelle façon sa vie, encore emprunte de légèreté, sera-t-elle transformée ou transformera-t-elle l'histoire à venir ? Gracieuse, légère, l'aile sombre et lumineuse de la mort vole au-dessus de nos têtes…

Véronique Widock

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