: Note d'intention
« L’ILLUSION EST PLUS PRÉCISE QUE LA PRÉCISION »
Dans notre première création, Le Manteau de Nicolaï
Gogol, nous avions comme objectif de parvenir à un
résultat exigeant, nous cherchions notre manière propre
de mener à bien le projet, dans son aspect narratif, dans
la conception des marionnettes et la précision de la
technique de manipulation. Ce que finalement, nous
allions définir comme un théâtre réaliste en miniature,
dans lequel les pantins donnent la sensation d’être des
acteurs à leur échelle, où nous avons l’illusion de les
voir respirer, sentir et jouer.
Nous y avons consacré deux années de travail, où nous
nous sommes donnés pour but de nous approprier un
domaine peu exploré dans notre pays.
Le public d’enfants répondit présent, mais également
les parents qui semblaient retomber en enfance et, à
notre grande surprise, nous avons commencé à recevoir
un public de jeunes et d’adultes. L’oeuvre commença à
s’installer dans le circuit théâtral officiel et à susciter
l’intérêt des festivals de théâtre grand public au Chili et
à l’étranger, et pas seulement de marionnettes ou pour
la jeunesse.
Après cinq saisons, nous avons eu l’idée d’une seconde création où le point de départ ne serait pas la recherche ou l’apprentissage pratique, mais un résultat théâtral mûr à partir de l’expérience du Manteau. Nous avons choisi une oeuvre pour les enfants écrite par le dramaturge anglais Mike Kenny, au langage et au rythme particulier, qui met en scène la simplicité, l’essentiel, la vie quotidienne, la particularité des personnes normales. Avec notre compagnie, nous nous sommes proposés de revisiter notre quotidien, de nous émouvoir à travers l’étrangeté provoquée par une autre échelle, par les objets qui semblent vivre, qui trompent notre perception de la réalité.
Un homme vient de devenir veuf, il vit face à la mer et attend la visite de sa petite fille Esmé durant la fin des vacances, comme chaque année. La petite fille ne sait pas que sa grand-mère est morte, l’homme ne sait pas comment le lui dire. C’est sa propre difficulté à accepter l’absence de sa femme. Il invente que la grand-mère est partie avec le cirque pour être équilibriste. Mais la petite fille veut savoir, elle veut la voir sur la corde raide. Sans qu’il ne parvienne à le dire, Esmé comprend finalement la métaphore, comme les enfants peuvent comprendre, et elle lui dit au revoir jusqu’à l’année prochaine, après avoir construit ensemble une nouvelle relation, intime et spéciale.
L’oeuvre se déroule aujourd’hui, entre la scène, les pantins et les animations en Stop Motion (image par image) dans une maison normale, dans une cuisine, au quotidien. Deux personnages, le grand père et la petite fille, vivent et communiquent. Ils sortent dans la rue, à la plage, au square, ils rient, préparent une tarte au citron, ils boivent le thé et parlent de tout et de la grand-mère. Mais dans ce quotidien apparaît, sous-jacent, un autre aspect de la vie, moins commun, mais non moins habituel à tout être humain. La perte, le deuil du point de vue d’un enfant et celui d’un homme âgé, la mort et, par défaut la vie, le sentiment de continuer à vivre avec, pour et grâce aux sentiments qui rôdent en nous.
Teatro Milagros
Traduction Braci Letelier
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.