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Silence complice

+ d'infos sur le texte de Daniel Keene traduit par Séverine Magois
mise en scène Jacques Nichet

: A propos de la pièce

La découverte du texte de Daniel Keene a réactivé en moi une envie déjà ancienne de confronter théâtre et cinéma. A la seule lecture de Silence complice, la confrontation pouvait commencer : avais-je affaire à un scénario ou une pièce de théâtre ?


Si l'on projetait le film de la pièce, l'image nous donnerait les apparences de la réalité : on se croirait sur le champ de courses, on verrait les lévriers, on entrerait dans l'appartement miteux de Bill, on suivrait les deux complices à travers la grande banlieue… Ici, dans l'amphithéâtre de planches rêvé par Gérard Didier, à part l'amphithéâtre, il n'y a presque plus rien à voir. La réalité a fui ou presque. Tout l'encombrement du tableau naturaliste a disparu.


Il n'a pas disparu… pour rien. Sur la scène, qui est l'écran du théâtre, on joue avec l'ombre, la lumière, le vide. Presque toutes nos répétitions nous ont menés progressivement à vider le théâtre (encore moins d'accessoires, encore moins de décors !) pour laisser la place au " cinéma dans la tête ".


Les personnages flottent comme deux naufragés, entre du noir et du vide. Pour ne pas sombrer, ils s'accrochent l'un à l'autre, ils s'accrochent aux mots qui dérivent comme eux. Deux hommes ne cessent de parler dans la nuit, de se parler dans la nuit et il nous reste à voir l'étrange nuit qui stagne dans leur crâne.


Il n'y a plus vraiment de scène à faire, mais à défaire. Car on représente le flottement de deux hommes dérivant entre des chutes d'histoires et des bouts de dialogue. Et c'est ce flottement même qui se détache en gros plan sur l'écran du théâtre.


Comment faire un gros plan au théâtre ? Comment montrer le " cinéma dans la tête " ? Comment représenter des hommes qui n'arrivent pas à se connaître eux-mêmes ? Comment jouer l'opaque ?


Le théâtre n'est peut-être ici que l'ombre d'un film qui ne sera jamais projeté.

Jacques Nichet

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