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Selve

mise en scène Christophe Rulhes

: Présentation

Partage des écritures de plateau : Julien Cassier

Selve est une pièce mêlant texte, arts visuels et plastiques, danse, cirque, musique, sciences humaines, notamment anthropologie. Elle s’élabore après un temps d’enquête en Amazonie guyanaise dans le village "amérindien" wayana de Taluwen. Y réside une équipe d’artistes de la scène issue du GdRA, le dessinateur perfomeur Benoît Bonnemaison-Fitte, la photographe Hélène Canaud, le vidéaste Nicolas Pradal. Tous, avec l’anthropologue metteur en scène Christophe Rulhes et le circassien danseur Julien Cassier, produisent les matériaux d’une installation scénique de dessins, de photos et d’écrans. Le dispositif accueille en son sein des œuvres d’art et cosmogoniques wayana réalisées par le tipatakem "chef" Aimawale Opoya, l’artiste Makuwe Pimkani ou le pijaï "chaman" Tukanu Alïmapotï. Cette scénographie d’objets et d’images fait les ramifications de Sylvana Alimina Opoya, jeune femme wayana rencontrée aux confins forestiers du Brésil, du Surinam et de la France.


Sur scène, à vingt ans, Sylvana prend la parole depuis son village, sa famille meurtrie, et laisse se déployer autour d’elle une forêt de signes et de témoignages où se voient ses proches et ascendants, ses absents, ses attachements, ses imaginaires et ses politiques... femme/forêt, Itu Jekët "forêt dense", femme actrice, Selve/Sylvana. Se manifestent son présent et ses futurs, ses humains et ses "esprits" joloks, ses "âmes errantes" akuwalimpë, ses égéries stars de télénovelas colombiennes, ses sodas "poisons" : autant de pertes irrémédiables, de promesses à tenir et de plaisirs irrépressibles. Pour ce portrait bilingue de la personne en théâtre, Sylvana est entourée par quatre artistes Palasisi, "ceux qui viennent du soleil", les blancs. Ces dernier.e.s, deux femmes, la comédienne Bénédicte Le Lamer et la danseuse Chloé Beillevaire, et deux hommes Julien Cassier en acrobate et Christophe Rulhes en musicien, la traduisent et la prolongent, la dansent et lui font musique, la questionnent et se questionnent : sur sa vie, ses rêves, ses langues, la pensée décoloniale, l’hybridation de tous, la féminité "amérindienne", le territoire vécu et le sens autochtone de chacun. Se forge alors un point de vue possible, métis, lorsque se fragilisent les lieux de la subsistance, au bord de l’abrupt apocalyptique, teinté de mort et de renaissance, de pourriture et de germination, de vie et de fin, de destruction et de création.


Au prisme de la singularité paroxystique et forestière du village amazonien wayana de Taluwen en Guyane, où sévissent les épidémies de suicide chez les jeunes "amérindiens", l’empoisonnement au mercure par l’orpaillage illégal, les ravages extractivistes russes et canadiens et le prosélytisme radical des évangélistes américains, Sylvana/forêt/Selve provoque par ses fabulations un écho vers le monde et nos quartiers : comment vivons-nous nos territoires, comment y participons-nous ? Comment devenir Wayana ? Voilà la question.

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