Saltimbanques est une création partagée née de la rencontre entre une artiste et une auteure. Emmanuelle Houdart a imaginé et dessiné onze personnages extraordinaires. D’abord les siamoises, puis l’homme tronc et la femme à barbe, puis le colosse, la diseuse de bonne aventure et la lilliputienne. Onze très beaux et étranges portraits, comme autant d’invitations à imaginer pour eux des vies rocambolesques et des numéros stupéfiants. Au fur et à mesure qu’ils prenaient vie, elle les a confiés à Marie Desplechin qui a écrit leur histoire, leur a donné un nom et a tissé entre eux des liens poétiques et inattendus : au-delà des apparences, que savons-nous des sentiments des gens ?

En écho à ces personnages tendres et ironiques, ces êtres à la marge et pourtant tellement semblables à nous, Thierry Thieû Niang a imaginé lui aussi une création partagée : une aventure itinérante, avec une famille élective de quatre générations confondues, mêlant amateurs et professionnels. Il a proposé à Ariane Ascaride d’être récitante, de raconter ce conte dansé, pour s’étonner, trembler, rêver et rire, et pour évoquer, une fois encore, la condition humaine.

« Nous faisions tous partie de la famille de ceux qui ne sont pas comme les autres, et qui n’y tiennent pas spécialement »
Marie Desplechin

« Pour moi, partir de cet album c'est travailler comme pour aller à l'encontre des apparences et des bizarreries dont la nature nous a pourvus et qui peut nous mettre à l'écart, dans les marges et les seuils. C’est inventer avec quatre générations confondues d'autres histoires dansées en écho à ces personnages tendres et ironiques, curieux et étrangers au coeur de nos enfances plurielles ; celles des mots et celles du corps : un va et vient entre naïveté et effroi, entre rêve et réel, entre lucidité et simplicité.

Je crois en la capacité de chacun, de l’endroit où il se trouve, d’oeuvrer, d'inventer à un mieux-être ensemble. Pour ce faire, cela demande un engagement de tout son être dans le travail et la vie. Par la pratique, l’expérience de la scène c'est aussi se confronter à soi-même. Appréhender par l’imaginaire une autre face de notre monde. Préserver des espaces de lenteur, de rapports entre voir et entendre, entre penser et sentir. Éprouver les différences. Expérimenter. Essayer. Recommencer. Mettre ainsi le sensible au coeur de tous les projets et le partager.

Saltimbanques est maintenant ce poème que l'on voit et qui répond au texte de Marie Desplechin dit par Ariane Ascaride. Poème mis en mouvement et traversé dans tous ces états par Ève Sylvain, Cécile Cozzolino, Emmanuel Cuchet et Jason Hodson. »
Thierry Thieu Niang