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Les Sacrifiées

+ d'infos sur le texte de Laurent Gaudé

: A propos de la pièce

Je fais partie de la génération des enfants de ceux qui eurent « vingt ans dans les Aurès » et j’ai le sentiment que quelque chose nous a été transmis de là-bas. Une transmission par défaut. Nos pères ont perdu en ces terres un peu d’eux-mêmes et cette chose perdue nous a été léguée. Comme un regret. Comme un souvenir de jeunesse et de souffrance mêlé. Mon désir d’écrire sur l’Algérie a croisé celui de Jean-Louis Martinelli. Nous avons discuté. Chacun de nous d’eux semblait convaincu de la nécessité de porter au théâtre cette histoire qui continue à agiter notre société. Jean-Louis Martinelli m’a alors passé commande d’une pièce de théâtre.
Je n’ai pu me lancer véritablement dans l’écriture des Sacrifiées que lorsque s’est imposée l’idée du triptyque. Je ne voulais pas me cantonner à la période de la guerre d’Algérie mais accompagner mes personnages de cette période là à nos jours. La pièce s’est construite ainsi : trois parties, trois époques, trois personnages féminins. De la guerre d’indépendance (1954-1962), à la montée de l’islamisme (les années 1990) en passant par l’émigration des années 1970-1980, nous suivons le destin de Raïsa, Léïla et Saïda.


Les Sacrifiées n’est pas une pièce sur l’histoire de l’Algérie. Ni sur l’histoire des relations franco-algériennes. Je ne suis ni historien ni analyste politique. Je suis dramaturge. Si l’histoire est présente – et elle l’est – c’est uniquement comme matériau pour la fiction. L’enjeu est là pour moi : parvenir à faire, à partir de cette matière réelle et contemporaine, une oeuvre théâtrale. Et de ce fait, faire du théâtre le lieu où résonnent les tragédies d’aujourd’hui.


Les Sacrifiées, c’est l’histoire de trois femmes : Raïssa, Léïla et Saïda plongées dans la tourmente. Chacune croit, à un moment donné, au bonheur. Et pour chacune, la promesse du bonheur est repoussée parce que l’Histoire fait irruption dans leur vie et saccage tout. Elles sont, sans cesse, dépossédées et contraintes au combat.


C’est bien de cela dont il est question. Faire entendre, sur un plateau de théâtre, à travers ces trois personnages, le cri de rage et de révolte de ces femmes.

Laurent Gaudé

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