Nouara Naghouche a un parcours d’actrice atypique ; quand elle rencontre le metteur en scène Guy Bénisty en 2000 dans le cadre d’un projet porté par l’Atelier de Rhin elle a déjà créé son premier one woman show et travaille avec une compagnie de Colmar.

Sur les projets menés de 2000 à 2005, elle se révèle comme une actrice douée d’une grande puissance comique et capable d’accents de vérité rares. Elle crée son second solo en 2004 avec la compagnie Quartier Rose. En 2006, elle interprète Père Ubu dans Ubu roi que j’ai mis en scène et qui a été joué tout l’été 2006 au Théâtre du Peuple de Bussang.

Forte de ce parcours, Nouara prétend pouvoir passer à un autre degré de discours et d’intensité théâtrale avec un nouveau solo. C’est à l’invitation de Matthew Jocelyn que nous avons commencé ce travail ensemble.

La révolte de Nouara est grande. Elle pense aux femmes, à ses « soeurs », aux mères, aux soumises, aux martyrisées. Elle sent qu’elle doit prendre la parole, que le théâtre, l’humour, lui permettront de transcender ce cri, nourri de ses propres douleurs, mais aussi de ce qu’elle sait, de ce qu’elle a vu, de ce que les siens ont vécu.

Ce spectacle promet d’être plus sombre que les précédents, l’humour reste une arme nécessaire mais la violence apparaît crue, injustifiable, aberrante. Nouara n’est pas en rupture avec ses origines, ses cultures ; elle vit et raconte ses déchirements, ses dilemmes. Ce spectacle ne prétend pas à la réconciliation néanmoins il reste beaucoup d’amour dans ce geste de refus.

Pierre Guillois

05 novembre 2006