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S Druge Strane (De l'autre côté)


: S Druge Strane (De l’autre côté)... de la réalité

Nataša Rajkovic et Bobo Jelčić sont-ils les héritiers d’un genre théâtral en vogue en Croatie à partir des années 20 et durant les décennies suivantes, genre qui consistait à écrire et jouer des drames et des comédies qui se préoccupaient de la vraie vie et de la représentation de la vérité ? On peut l’imaginer, quoique...
Leur mode d’expression original s’appuie sur l’observation attentive du quotidien et l’emploi de simples accessoires, l’idée étant d’explorer le point d’intersection entre le réel... et la fiction. Pour y aboutir, les deux metteurs en scène ont une approche singulière de la direction d’acteurs, privilégiant une interaction intense et directe.S Druge Strane est le résultat d’une recherche spécifique avec quatre comédiens. Sur scène: une femme, personnage central de la fiction, son fils, une voisine, un ami.
Pour tout décor : un canapé, une télévision, un téléphone, un fauteuil. Rien n’est écrit au préalable, tout se construit sur le plateau (totalement dénudé) à partir de bribes de conversations et de situations banales traitées avec une extrême simplicité pour démasquer la théâtralité sur scène comme dans la vie. Nataša Rajkovic et Bobo Jelčić cherchent ainsi à capter des moments du quotidien qui portent autant les traces du vécu personnel du comédien que celles du personnage qu’il incarne... Un scénario singulier s’écrit alors, via la technique du collage, qui fait fusionner théâtre et réalité. Le théâtre est la vie et la vie est le théâtre. Il n’existe pas de copie.
La femme ne va pas bien. «On dirait de la gélatine, un ballon dégonflé, elle n’est capable de rien». Elle est confrontée à l’incompréhension de ses proches... et elle les dérange.
Son fils n’aime pas dire aux gens : Ma mère est malade. Cette phrase le choque.
Mais la compassion et l’empathie cèdent vite aux reproches et aux accusations. Les certitudes des uns se mesurent aux croyances des autres, révélant la solitude de tous.
Des confessions émouvantes apparaissent et se dispersent dans la réalité matérielle du quotidien : une poignée posée à l’envers sur une fenêtre, du café qu’on préfère à un jus de fruit, la télévision qu’il faut éteindre ou ne pas éteindre.
Le spectacle touche par son authenticité, laissant percevoir, d’une manière décalée, le vécu d’une famille moyenne avec ses rituels, ses espoirs, ses mesquineries. Une comédie douce amère où les acteurs n’hésitent pas à incarner dans leurs gestes la force que ne leur donne pas la parole.

Isabelle Demeyère

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