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Rouge décanté

mise en scène Guy Cassiers

: Présentation

Guy Cassiers est homme de théâtre depuis le début des années quatre-vingt entre les Pays-Bas et la Flandre belge. Dans des lieux improbables, avec une équipe artistique d’acteurs, de plasticiens, de scénographes, il crée spectacles et performances.
D’abord homme de dessins passionné par la lithographie, il pratique le théâtre avec les armes du graveur, fabriquant des images, en s’aidant des nouveaux médias qui lui sont offerts (en particulier la vidéo) cherchant à capter les sens du spectateur tout autant que son esprit.
Préférant travailler sur des adaptations littéraires plus que sur des textes purement dramatiques, il traverse l’œuvre de Marguerite Duras, de Marcel Proust, de Salman Rushdie… Rouge décanté est une adaptation fidèle d’un roman de l’auteur néerlandais Jeroen Brouwers (Prix Femina étranger 1995).
Ce spectacle est le troisième monologue d’une tétralogie centrée sur la mémoire. Il a été élaboré en grande complicité avec le célèbre acteur de théâtre et de cinéma Dirk Roofthooft, que Guy Cassiers retrouve régulièrement, interprète également pour Jan Fabre, notamment dans deux monologues présentés au Festival d’Avignon en 2005.
Guy Cassiers, après avoir dirigé le Ro Theater de Rotterdam, vient d’être nommé directeur artistique du théâtre anversois Het Toneelhuis qu’il compte partager avec un collectif artistique.


Rouge décanté est un monologue bouleversant adapté du livre éponyme autobiographique de Jeroen Brouwers, qui raconte les deux années passées avec sa mère et sa grand-mère en Indonésie dans le camp d’internement japonais de Tjideng (actuelle Djakarta) où ont été parqués les citoyens hollandais entre 1943 et 1945. Ce récit est fait par l’homme qu’est devenu cet enfant de cinq ans, qui, à quarante ans, apprend la disparition de sa mère qu’il ne voyait plus. Ce décès le replonge dans ses souvenirs et donne lieu à un incessant mouvement de la pensée entre le passé du camp et le présent. Tout est dit, même le plus terrifiant, sur les pratiques barbares des Japonais, « les laquais de la mort », sur ce qui a été irrémédiablement détruit depuis dans le rapport de la mère et du fils, dans le rapport de cet homme avec les femmes, et sur la peur permanente qui paralyse l’auteur au quotidien.
Le comédien Dirk Roofthooft nous entraîne avec force dans le labyrinthe de la pensée et des sentiments du héros, faisant entendre tous les mots de cette mise à nu, de ce voyage aux tréfonds de l’homme souffrant. Un don d’observation et une concision du récit qui nous touchent profondément ; on ne peut échapper à une sorte d’envoûtement qui nous oblige à suivre la quête de l’auteur. Avec une grande pudeur, l’acteur nous livre la quintessence d’une douleur autour de laquelle s’est construit cet homme incapable d’éloigner de lui l’enfant du camp qui le hante.
Une tension extrême règne sur le plateau, renforcée par une utilisation exemplaire d’images vidéo et par un travail sur le son d’une grande subtilité.
Il ne s’agit pas d’un théâtre historique recherchant l’exactitude et l’impartialité, mais d’un théâtre du souvenir vivant et obsessionnel, revendiquant la partialité du regard de témoin direct, de victime, un regard à la hauteur d’un enfant de cinq ans qui a pu aussi rire et jouer au milieu de l’enfer.


Jean-François Perrier

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