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Rêve d'automne

+ d'infos sur le texte de Jon Fosse traduit par Terje Sinding
mise en scène Patrice Chéreau

: La métaphore de Jon Fosse...

par Patrice Chéreau, avril 2010

La métaphore de Jon Fosse, ce cimetière de tous les enterrements, de toutes les vies, et celle du musée, cette envie violente qui m’a traversé l’esprit il y a un an jour pour jour lorsque, ayant lu le texte par hasard, je me suis promené dans les salles du musée du Louvre où la pièce verra le jour à la Toussaint 2010.

L’enterrement d’une femme âgée qui devient l’enterrement de tout un monde, la salle vide d’un musée où les corps s’empêchent et se déchirent, la mort de toute une lignée du côté des hommes : la grand-mère paternelle, le père, puis cet homme-là que nous raconte Fosse, cet homme sans qualités et son fils de dix-neuf ans qui ne connaîtra jamais son enfant. Et dans ces vies entêtées, l’ombre envahissante du désir et du deuil unis dans un même mausolée.

Un rêve en automne, des visages qui aiment et souffrent, un désir sexuel inassouvi, rongé par la mort et le suicide, des corps qui ne font que désirer pourtant, un cœur, comme dirait Pierre Guyotat, qui ne fait passer que du sang, et du sang qui ne chauffe plus.

Un homme et une femme qui se sont connus se retrouvent devant nous : qu’est-ce qui existe ou a existé entre cet homme et cette femme ? De quoi sera fait leur futur auquel on assiste déjà ? Et puis : qui est mort ? et qui va mourir ? On parle ici de sexe comme on parle de Dieu parce qu’on ne parle ici que de fin, de dilution : mort des inconnus, mort des proches, mort de l’amour, inassouvi et pour- tant perpétuel.

Car les hommes vivent longtemps encore quand tout semble mort en eux, et c’est sim- plement ce qu’on appelle la vie de tous les jours: dans la lueur froide des échanges sexuels, dans cette nuit déjà tombée, le désir brille encore d’un feu qui ne veut pas s’étein- dre. Et puis, il y a les mères qui, comme dans la pièce, survivent à tout, et les grand-mères infatigables, fantômes dansants, habitantes d’un musée-cimetière qui savent regarder tout cela de leur œil blasé, attendant que leurs arrière-petits-fils viennent les rejoindre dans la tombe, là où est leur vraie place.

Accouplements et mythologies familières : tant d’êtres vivants ou morts, nos fantômes ; la nuit venue, ils se réincarnent sous nos yeux.

Plaquette de saison 2010-11 - Théâtre de Sartrouville

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