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Requiem (with a happy end)

mise en scène Dominique Wittorski

: Notes de mise en scène

ReQuiem, c’est 22 tableaux et autant d’ellipses. Il n’est pas question de recourir aux noirs interstitiels. Le recours aux noirs deviendrait très vite laborieux, hiératique. Au contraire, chacune des ellipses sera représentée, jouée. Eventuellement synthétisée, jouée ultra-rapidement comme dans une avance rapide d’un magnétoscope, dans une lumière adéquate et différente de la lumière de jeu. Les personnages vivront donc les ellipses.
Hejdouk, qui s’effondre de douleur, sera ramassé par Tzaa, qui appelle le chirurgien Bog… Le tableau suivant est prêt. Le dialogue peut reprendre.
L’exécution capitale aura lieu juste avant l’autopsie… Il y aura donc une représentation symbolique et ultra-rapide d’une exécution par chaise électrique.


Ces ellipses seront accompagnées de musique. Ce processus doit donner un rythme élevé à la représentation. Le récit, autant que les questions, avance vite.
Les musiques utilisées seront des mélanges de trois univers différents.
- Primo, celui du Requiem (dans les œuvres par exemple de Mozart, de Fauré, de Ligeti, de Penderecki…), qui devra donner le sens du sacré, le sentiment de l’introspection.
- Secundo, celui des chants et des marches révolutionnaires. La guerre qui se déroule en toile de fond, est une lutte de classe. Elle fera donc référence de manière auditive aux grandes mythologies contemporaines d’une illusoire quête d’un monde meilleur. Chants de l’armée rouge, chants révolutionnaires divers.
- Tertio, celui du rock décadent ou gothique et des musiques industrielles de notre époque. Musique plutôt agressive d’un monde agressif. Musique parfois sinistre d’une monde souvent sinistre. Bauhaus, Virgin Prunes mais aussi Pink Floyd pour leur Requiem, ou The Wall. Ou encore Liva qui a écrit un Requiem version Metal.


Une fois que l’ellipse aura été jouée (peut-être même pendant), il restera à l’un des personnages à venir peindre en grandes lettres blanches et dégoulinantes le titre du tableau suivant sur le mur du fond de scène. Et à en donner la traduction par des moyens divers et variés suivant la nécessité de traduire (Sous-titres, voix off, phrases musicales correspondantes, projection, annonce…) afin de souligner l’ironie mordante qui conduit à cette évidence violente : la vie, c’est la mort et très vite !


Jeu physique, univers burlesque en référence à « Brazil » de Terry Gilliam, et aux personnages clownesques de Jacques Tati.
Lla, par exemple, ne sera pas représentée de manière lourdement handicapée, au contraire, elle aura juste une démarche légèrement dégingandée, aérienne, presque lunaire, et une voix claire et simple.
Les comédiens, comme le texte le laisse clairement entendre, pourront jouer de la rupture entre personnage et interprète. Le spectacle commencera à l’accueil des spectateurs, avec une sommaire visite médicale et la prise de leurs mensurations. Il s’agira d’établir une connivence entre comédiens et spectateurs. Connivence qui doit dire « tout ceci n’est pas sérieux ». Il faut fuir tout ce qui nous rapprocherait d’un point de vue de moralisateur. Le pamphlet plutôt que le prêche, mais sans outrance, avec juste ce qu’il faut de décallage pour laisser voir une poésie comme chez Tati.


Il n’est pas question de représenter les organes et leur quête de manière réaliste. Un univers gore servirait de repoussoir, non d’adjuvant propice à la réflexion. Il y aura donc une esthétique dépouillée. En l’occurrence, les organes devraient être représentés par des morceaux de glace. Aucun rappel visuel du rouge sanguinolent, au contraire, le froid de la glace.


Mais cette glace fond et coule, comme le sang au fond de nos veines, et l’urgence à sauvegarder les organes trouvés ou récupérés trouvera naturellement son pendant dans l’urgence qu’il y a à remettre un glaçon dans le frigo afin de ne pas le voir fondre complètement. Un bloc de glace que l’on tient longuement dans les bras mouille les vêtements et glace les mains, il faut donc faire vite et s’en protéger. L’allégorie suffira.

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