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: Entretien avec Fanny de Chaillé

Propos recueillis par Stéphane Bouquet, novembre 2014

Répète est programmé en même temps que D’Orfèvre et de cochon. Dans les deux pièces, la question du travail joue un rôle. Est-ce que les critiques de Pierre Alferi contre le risque de fonctionnarisation des artistes dans Répète rejoignent la position volontairement aristocratique des Grand Magasin qui militent pour une « oisiveté chanceuse » ?


Je n’ai pas vu la pièce des Grand Magasin. Je ne peux donc pas faire de parallèle entre les deux propositions. En ce qui concerne Répète, il s’agissait pour Pierre et moi de nous interroger sur nos pratiques respectives, la poésie, l’écriture pour lui, la danse et/ ou le théâtre pour moi. Très vite, nous nous sommes rendus compte qu’effectivement ces pratiques engendraient un rapport au travail très différent, plutôt solitaire et introspectif pour Pierre, plutôt « en groupe » pour moi. Je crois que chaque travail est spécifique, celui de l’artiste pas plus ou moins qu’un autre. Je revendique le fait qu’un artiste est un travailleur comme un autre.


Répète peut se voir comme une scène conjugale. Je crois que c’est la première fois que vous abordez (de biais) les affects intimes. Est-ce un choix de vous en être tenu éloignée jusqu’ici ?


Ce projet est au départ une commande du festival Concordanse. Le principe de ce festival est de réunir un chorégraphe et un écrivain qui ne se connaissent pas pour réaliser un projet ensemble. Quand on me l’a proposé, j’ai immédiatement pensé à Pierre Alféri. On m’a rétorqué que ce n’était pas possible car j’avais déjà monté un de ses texte, que, donc, de fait, je le connaissais et que ce n’était plus une première rencontre. J’ai insisté pour que ce soit lui et ma demande a finalement été acceptée. Cet incident de départ a donné à Pierre l’envie d’écrire sur la fin d’une histoire, et nous nous sommes amusés à trouver des réponses formelles à cette situation, quel type de parole utilise un vieux couple, comment deux personnes qui se connaissent si bien se parlent encore. Répète est né comme ça. Tout est fiction ou presque dans ce texte…


Répète est un spectacle autour d’une table : est-ce que vous n’aviez pas peur que la table fige l’espace, le « théâtralise ». Ou est-ce justement ce qui vous a intéressé ?


Pour moi il s’agissait d’interroger nos pratiques respectives, nous avons travaillé à la table pour l’élaboration de ce projet et nous y sommes restés ; j’aimais sa présence et la distance qu’elle permettait entre nous. Elle était à la fois une table de travail, un objet du quotidien, l’endroit du tête à tête et du duel.


Il me semble qu’au fil du temps, malgré tout, le corps joue un rôle toujours plus ténu dans votre travail, au sens il est de moins en moins le support du sens. Seriez-vous d’accord avec cela ?


Non, c’est très différent selon les projets. Ce n’est pas parce que le texte prend une place de plus en plus importante que je n’accorde plus d’importance au corps. Répète est une réflexion sur le travail du poète et celui du metteur en scène avec tous les a priori que l’un et l’autre se renvoient. Ce projet ne nécessitait pas plus de mouvements que ceux que nous avons produits.

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