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Réparer les vivants

+ d'infos sur l'adaptation de Sylvain Maurice ,
mise en scène Sylvain Maurice

: Entretien avec Sylvain Maurice

Propos recueillis par Nicolas Laurent - août 2014

Peux-tu nous résumer Réparer les vivants, et nous dire en quelques mots tes motivations pour porter ce texte à la scène ?


L'histoire en est très simple : Simon Limbres un jeune homme de 19 ans est déclaré en état de mort cérébrale à la suite d'un accident ; ses parents vont accepter de faire don de ses organes. Le récit suit alors le parcours du coeur de Simon et les étapes d'une transplantation qui bouleverse de nombreuses existences.
Comme de très nombreux lecteurs (il y a plus de 140 000 exemplaires de livres vendus depuis sa parution en janvier 2014), j'ai été bouleversé par ce récit. Une des raisons est certainement sa dimension vitale, vivante, et osons le dire, heureuse. Le projet de Maylis de Kérangal s'inspire d'une phrase de Tchekhov dans Platonov : « Enterrer les morts, réparer les vivants ». Après le deuil vient l'espoir : comment la greffe du coeur de Simon va redonner vie à Claire, qui était sur le point de mourir...
Mais Réparer les vivants est un grand livre à cause de son style : une langue magnifique, une narration haletante et « efficace », des personnages hauts en couleur ; c'est une oeuvre très théâtrale du point des émotions et en même temps très précise et très documentée sur le plan scientifique et médical ; c'est aussi une oeuvre réaliste et drôle quand l'auteur décrit le monde de l'hôpital. A certains égards, Maylis de Kerangal se fait anthropologue en abordant des questions comme la place de la mort dans nos sociétés, la sacralité du corps, l'éthique en médecine...
Dire ce texte au théâtre – avec cette langue musicale, rythmique, toujours portée par l'urgence – l'habiter, le traverser est une évidence. C'est un texte physique, organique, pour les acteurs. Dominique Blanc ou Nicolas Maury l'ont bien compris qui en ont fait la saison dernière des lectures publiques...


Après Métamorphose d'après Kafka, que tu as créé au TNS en 2013, tu t'empares à nouveau d'une écriture romanesque ; comment envisages-tu cette nouvelle adaptation ?


On est aux antipodes. Dans Métamorphose on était dans une adaptation sophistiquée : j'avais écrit des dialogues qui n'existent pas chez Kafka et le monologue intérieur du personnage principal était retraduit par un dispositif scénographique et vidéo très important. Rien de tout cela ici : je n'adapte pas, je procède juste à une « réduction » du texte pour une représentation d'une heure et quart à une une heure et demie, qui s'appuie avant tout sur les interprètes. Dans cette « réduction », je vais mettre en exergue les dialogues, mais je ne vais pas abolir la narration – d'autant plus que les dialogues ou les pensées des personnages s'imbriquent dans le récit.


Le roman oscille entre un point de vue objectif, médical, chirurgical et l'expression des subjectivités des personnages. Cela induit-il une forme de théâtre particulier ? Un dispositif scénique singulier ?


Plus le dispositif scénique sera simple, mieux cela sera : on s'adresse au spectateur, on lui raconte cette histoire, dans un grand dépouillement scénique. C'est l'acteur qui porte la théâtralité dans ce projet, qui demande autant d'empathie que de précision et de virtuosité : comment passer d'un registre à l'autre, du récit au dialogue, d'un personnage à l'autre ? Nous travaillerons par glissements, à 3 ou 4 interprètes qui se répartiront tous les personnages.

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